Eglises d'Asie

Bali : Nyepi, le Nouvel An hindou, a été vécu cette année dans un climat de relative anxiété

Publié le 18/03/2010




Les hôtels et les discothèques de l’île touristique de Bali ont été plongés, le 11 mars dernier, dans le silence pour la fête hindoue de Nyepi, jour où les démons sont censés revenir sur terre. Durant 24 heures, l’île, où vivent quelque quatre millions d’habitants, très majoritairement hindous, s’est figée dans le mutisme et la plupart des activités ont tourné au ralenti, voire se sont arrêtées. Les Balinais se sont abstenus de faire du feu, d’allumer l’électricité, de quitter leur maison, de travailler ou de faire du bruit. Ils ont jeûné aussi pour cette journée marquant « le jour du silence le premier jour de l’an du calendrier hindou (Saka) (1).

Si cette année, Nyepi a été vécu dans un climat de relative anxiété, c’est que des « signes » sont apparus et ont été interprétés comme autant de mauvais présages. Une série de tremblements de terre de faible intensité a été ressentie dans l’île en février. Le volcan qui forme le Mont Agung, considéré comme sacré, a émis des fumées de souffre. Trois Ulam Agung (des baleines) ont été retrouvées, échouées sur des plages de l’île. Surtout, depuis la mi-février, le symbole sacré de Tapak Dara, représenté par une croix blanche, est mystérieusement apparu sur des centaines de temples et d’habitations à travers l’île. Certains affirment que ces inscriptions sont l’ouvre de personnes qui veulent fomenter des troubles. D’autres estiment que c’est une mise en garde envoyée par l’armée invisible des divinités de l’île. La police a ouvert une enquête, mais les autorités peinent à rassurer la population.

Selon la croyance locale, pour Nyepi, ou « jour du silence les mauvais esprits descendent. Il faut donc les persuader que l’île est inhabitée et qu’il ne reste plus une seule âme vivante à hanter. Les restaurants sont fermés et les plages désertes. Les touristes sont invités à ne pas quitter les hôtels ou bien ont quitté Bali pour Mataram, sur l’île de Lombok, à majorité musulmane, ou de Kupang, au Timor occidental, à majorité chrétienne. L’aéroport de Denpasar, le chef-lieu de la province de Bali, où le trafic est redevenu intense après les attentats meurtriers d’octobre 2002 (2), a été silencieux, ce vendredi 11 mars.

Pour les non-hindous, le « jour du silence » est l’occasion de se faire discrets. Avec l’autorisation du gouverneur de la province, les musulmans ont maintenu la prière du vendredi, mais ils sont venus discrètement à la mosquée, en s’y rendant à pied et non en voiture. Conscients que « l’idée que l’on sorte dans la rue soulève des objections beaucoup ont aussi décidé de rester chez eux afin de ne pas heurter les hindous pieux, explique un musulman de Denpasar. « Les pratiquants d’autres religions doivent s’adapter assure I Made Artha, le chef de la communauté hindoue de Bali, qui ajoute que Nyepi est « un jour d’harmonie » (3).

L’importance de Nyepi a été rehaussée cette année par le fait qu’il intervient deux jours après une autre fête religieuse capitale, Galungan. « Pour les Balinais c’est comme avoir Noël et Pâques dans la même semaine explique Marcellus Wangge, un employé d’hôtel de la ville de Kuta. Lui-même étant protestant, il travaillera deux fois plus pour pallier l’absence de ses collègues hindous. Le 19 mars, le calendrier hindou comporte une autre fête majeure de l’hindouisme, Kuningan.