Eglises d'Asie

Célèbes : pendant le Carême, un diocèse propose le sacrement de Pénitence à domicile

Publié le 18/03/2010




Dans la province de Célèbes-Nord, le diocèse de Manado a mis en place un service de confession à domicile. Durant le temps du Carême, les fidèles qui le souhaitent, dans ce diocèse de 125 000 catholiques sur une population de 4,4 millions d’habitants, n’ont pas à se déplacer jusqu’à l’église pour qu’un prêtre les y entende en confession. Ils reçoivent la visite chez eux d’un prêtre, autre que leur curé, et peuvent ainsi se confesser à une heure qui leur convient et sans avoir à parcourir la distance – parfois importante – qui sépare leur lieu de résidence de leur lieu de culte. Selon Hartje Gimon, laïc responsable de la communauté chrétienne de la chapelle Saint Luc, rattachée à la paroisse Saint Jean, à Laikit, près de Manado, cette innovation a été mise en place pour “montrer le souci que les prêtres ont de servir et d’aller vers les fidèles”.

Le 20 février dernier, le P. Paulus Salabia, vicaire de la paroisse Saint Jean, a annoncé en chaire que l’initiative avait été pensée principalement pour les communautés relativement isolées et qu’elle ne venait pas se substituer aux confessions entendues habituellement dans l’enceinte des églises paroissiales. “Il s’agit juste d’une sorte de service et de manière de toucher [ces communautés] a expliqué le prêtre, ajoutant que les confessions entendues à domicile seraient suivies de la célébration de l’Eucharistie, toujours à domicile.

Selon Hartje Gimon, la très grande majorité des catholiques de Manado étant des agriculteurs ou des employés, il est difficile pour eux de se libérer aux horaires où les prêtres entendent les confessions à l’église. “Le prêtre demande aux paroissiens de venir pour la confession dans l’après-midi, tandis que beaucoup de personnes travaillent et ne peuvent se libérer avant le soir. C’est pourquoi beaucoup de catholiques n’ont pas le temps de se rendre au confessionnal a-t-il expliqué.

Selon les témoignages recueillis par l’agence Ucanews (1), l’initiative rencontre un franc succès. Pour Bert Tuegeh, un paysan âgé de 58 ans, tant que les oiseaux s’en prennent à sa rizière, c’est-à-dire jusqu’au soir, “je ne peux rentrer chez moi”. Une fois le soir venu, il lui est en revanche possible de se rendre chez un voisin pour y rencontrer un prêtre et se confesser. Le plus souvent, en effet, les prêtres de passage se rendent chez le responsable de la communauté catholique et utilisent sa maison pour entendre les confessions.

Pour le P. Wilhelmus Thome, curé de Laikit, l’expérience rencontre tant de succès qu’elle a été étendue à presque toutes les paroisses du diocèse. Il note que soixante personnes ont reçu le sacrement de réconciliation lorsque trois prêtres ont visité les trois communautés un peu isolées de la paroisse de Laikit, le 18 février dernier. “Lorsque nous confessons dans l’église, pas plus de vingt personne viennent précise-t-il, ajoutant que les prêtres apprécient “l’efficacité pastorale de cette approche”.

Le P. Agus Mangundap, responsable de la Commission diocésaine des communications sociales et ancien vicaire général du diocèse, estime que les confessions à domicile ne peuvent que profiter aux fidèles. “Ils se plaignent souvent de la difficulté de se rendre à l’église pour la confession. A présent, avec le prêtre qui leur rend visite, le problème est réglé commente-t-il. Mais, ajoute le P. Thome, “nous ne pouvons pas en faire une pratique habituelle. Nous ne le ferons que pendant le Carême et l’Avent, prenant rendez-vous à l’avance et nous rendant dans une maison déterminée, dotée d’une pièce spécifiquement aménagée pour l’administration du sacrement”.

Lors de la mise en place du programme des visites à domicile, les prêtres du diocèse font attention à ce que chaque communauté puisse recevoir la visite d’un prêtre autre que celui qui la visite habituellement. “Un prêtre d’une paroisse écoute les confessions dans une autre paroisse. C’est bien, car certains fidèles hésitent à se confesser au prêtre de leur propre paroisse explique le P. Agus Mangundap. “Les gens s’intéressent moins à la confession, mais, avec ces nouvelles initiatives, nous espérons que le sacrement de Pénitence va continuer d’attirer les gens a-t-il conclu.

Selon Budi Rahardja, employé d’une entreprise privée, la possibilité de se confesser à domicile est un “plus” certain. “En rendant visite aux gens chez eux, le prêtre sera plus proche d’eux et en saura davantage sur leurs conditions de vie a ajouté ce catholique originaire de Java qui est venu s’installer à Célèbes-Nord il y a dix ans.