Eglises d'Asie

Chhattisgarh : un arrêt de la Cour suprême hypothèque l’ouverture de la première université catholique de l’Inde

Publié le 18/03/2010




La Cour suprême de l’Etat du Chhattisgarh, qui siège à Jagdalpur, capitale de l’Etat, a, le 11 février dernier, rendu un arrêt qui déclare “inconstitutionnel” le décret relatif à l’enseignement supérieur privé de 2002. Cet arrêt hypothèque l’ouverture, qui était en préparation, de l’Université Dharma Deepti (‘Lumière de la vertu’), la première université catholique de l’Inde (1), ainsi que l’existence des autres établissements supérieurs d’enseignement privés. “Nous ne pouvons continuer à présent du fait du jugement de la Cour suprême a déclaré à Ucanews, le 2 mars, l’évêque de Jagdalpurn, Mgr Simon Stock Palathra, qui appartient aux Carmes de Marie Immaculée, la congrégation religieuse masculine originaire d’Italie qui a accepté la responsabilité de l’établissement.

Après sa victoire aux élections législatives de décembre 2003, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) avait amendé la Loi sur les universités privées du Chhattisgarh, votée en 2002, pour faire obligation aux établissements supérieurs d’enseignement privé désirant obtenir l’autorisation de l’Etat d’être propriétaires de 12 ha de terrain au moins et de justifier de la somme de 20 millions de roupies (34 000 euros) déposée sur un compte en banque. L’arrêt de la Cour suprême a été rendu à la suite de l’action en justice intentée par Yashpal Sharma, un enseignant, ancien président de la Commission d’admission universitaire (UGC), qui avait intenté une action pour contester le droit de l’Etat à délivrer des autorisations aux établissements d’enseignement privé.

Mgr Palathra a précisé que le seul recours de l’Eglise était désormais d’attendre “une nouvelle législation”. Pourtant, les préparatifs de l’ouverture se poursuivent dans l’espoir que les universités privées seront de nouveau autorisées à fonctionner ; l’établissement catholique remplit en tout état de causes les conditions exigées. Son ouverture est prévue pour juillet 2005. Interrogé par Ucanews, le P. Abraham Kochukarakal, un des responsables de l’université, s’est déclaré confiant sur le fait que l’amendement sera supprimé ou modifié. Une nouvelle disposition “peut prendre un certain temps, mais elle sauvera quelques universités a-t-il déclaré.

Trente-sept universités privées sur 112 (dont beaucoup n’ont pas même de locaux, et que certains dénoncent comme de pures machines à faire de l’argent, souvent dans l’illégalité) enregistrées sous le régime de la loi votée en 2002, soit 22 800 étudiants, sont visées par l’arrêt de la Cour suprême. Celle-ci s’est, par ailleurs, inquiété du sort de ces étudiants et a demandé à l’UGC d’examiner la possibilité de les accepter dans d’autres établissements supérieurs. Mgr Palathra considère que le gouvernement de l’Etat a la “responsabilité” de faire quelque chose pour aider ces étudiants. Kavita Krishnan, une étudiante, condamne “le seul gouvernement pour ce fiasco “Les universités privées ne faisaient que de l’éducation-marchandise, mais aujourd’hui les étudiants sont laissés en plan a-t-elle déclaré. De son côté, Ajay Chandrakar, le ministre de l’Enseignement supérieure de l’Etat, a déclaré à la presse que les universités privées devaient rechercher une affiliation avec l’une des deux universités administrées par l’Etat de manière à préserver les intérêts des 18 600 étudiants qui sont attendus aux examens cette année.

Il existe 291 universités en Inde. Dix-sept d’entre elles sont placées sous l’autorité du gouvernement fédéral. Les autres sont administrées par les gouvernements des différents Etats. En suggérant le projet qui est à l’origine de l’Université Dharma Deepti aux Eglises du Maddhya Pradesh et du Chhattisgarh, Ajit Jogi, chrétien lui-même, le précédent ministre-président de cet Etat détaché du Maddhya Pradesh en novembre 2000, avait déclaré vouloir promouvoir l’éducation au sein des minorités ethniques – aborigènes notamment -, présentes en grand nombre dans l’Etat, de confession catholique pour beaucoup, mais considérées comme souffrant d’un déficit en matière d’éducation supérieure.