Eglises d'Asie

Des responsables de l’Eglise démentent avoir préconisé l’excommunication pour les travailleurs de santé qui participent à la campagne gouvernementale “Grossesse sans risque”

Publié le 18/03/2010




Le 10 mars dernier, le secrétaire du cardinal Vidal, archevêque de Cebu, a démenti que l’Eglise catholique aux Philippines avait décidé d’excommunier les travailleurs de santé participant à la campagne gouvernementale “Ligtas Buntis” (‘Grossesse sans risque’). Lancée le 21 février dernier pour une durée de quatre semaines, cette campagne, qui a pour objectif de prévenir “les grossesses trop nombreuses, trop fréquentes et à risque a été fortement critiquée par les évêques philippins qui y voient un nouveau développement des politiques “contraires à la vie” menées par les autorités pour contenir la croissance démographique (1).

La polémique au sujet de l’excommunication des travailleurs de santé est née de la publication, le 5 mars dernier, par le Sun Star de Cebu de propos tenus par le cardinal Vidal. Selon le secrétaire du cardinal, le P. Agustin Ancajas, le prélat a seulement “conseillé” aux travailleurs de santé impliqués dans la campagne Ligtas Buntis de ne pas recevoir le sacrement de l’Eucharistie ou les autres sacrements. Le cardinal “ne peut pas leur interdire l’accès aux sacrements a précisé le prêtre, ajoutant qu’il appartenait à chacun des travailleurs de santé concernés de décider en conscience s’il pouvait ou non recevoir la Sainte Communion. Aux journalistes philippins venus assister à la mise au point du 10 mars, le P. Agustin Ancajas a ajouté que l’Eglise considérait que la campagne gouvernementale était “contre la vie” et allait contre “le Cinquième Commandement ‘Tu ne tueras pas’ » dans la mesure où elle participait “au développement d’une mentalité où la grossesse est perçue comme une maladie et un problème”.

Dans d’autres diocèses du pays, des polémiques identiques ont vu le jour. Sur l’île de Bohol, située au sud-est de Cebu, les responsables de la Commission pour la famille et la vie du diocèse de Tagbilaran ont déclaré que Ligtas Buntis était désapprouvée par l’Eglise mais qu’aucune directive quant à l’excommunication des travailleurs de santé n’avait été décidée. Selon le P. Crispin Varquez, président de la Commission diocésaine, des travailleurs de la santé sont de fait “contraints” de participer à cette campagne, mais ce n’est pas pour autant que l’Eglise “utilisera les sacrements pour les punir” s’ils choisissent en toute liberté de se démarquer des positions défendues par l’Eglise.

Au plan national, les échanges par médias interposés des partisans du contrôle des naissances et leurs opposants, que ce soit dans les milieux catholiques aussi bien que musulmans, se sont multipliés ces derniers jours. Le 6 mars, Teodora, un groupe de femmes chrétiennes et musulmanes inspiré par le mouvement catholique Couples for Christ, a lancé une campagne médiatique pour faire du sein maternel “un lieu de paix”. Le 10 mars, sur les ondes d’une radio très écoutée, un évêque protestant a critiqué l’encyclique Humanae Vitae, déclarant qu’elle était “à la base du problème”. Son intervieweur avait toutefois omis de mentionner que l’évêque en question était protestant. Un parlementaire favorable au projet de loi “pour la famille de deux enfants texte qui sera prochainement discuté à la Chambre des représentants, a appelé de ses voux l’organisation d’un débat national entre les évêques catholiques et les législateurs. Mgr Deogracias Iniguez, président du Comité pour les affaires publiques de la Conférence des évêques catholiques, lui a répondu que les responsables de l’Eglise ne souhaitaient pas ouvrir de “débat mais étaient prêts à “dialoguer” avec les élus sur les questions de démographie.