Eglises d'Asie

Hô Chi Minh-Ville : malgré une récente instruction du Premier ministre, les assemblées des Eglises domestiques sont toujours perturbées par les forces de l’ordre

Publié le 18/03/2010




Il semblerait que la récente directive du Premier ministre accordant un certain nombre de facilités aux communautés protestantes de certaines régions du Vietnam, ne concerne pas les communautés urbaines. Dans une émission diffusée le 10 mars dernier, Radio Free Asia a rapporté les déclarations de Mme Lê Thi Phu Dung, épouse du pasteur Nguyên Hông Quang, secrétaire général de l’Eglise mennonite au Vietnam, aujourd’hui en prison. Celle-ci a rapporté que, le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, trente-deux femmes de la communauté mennonite s’étaient réunies chez elle pour une réunion de prières. Une dizaine d’hommes s’étaient joints à elles pour les aider.

Au cours de la réunion, la police locale est intervenue et a intimé l’ordre aux fidèles de se disperser. Une des femmes présentes a fait remarquer alors l’existence du décret de Pham Van Khai, chef du gouvernement, ordonnant que la liberté religieuse soit respectée. La police a rétorqué que cette assemblée n’avait demandé aucune permission et qu’il était interdit de mener des activités religieuses à l’intérieur de la maison privée du pasteur Quang. Mme Lê Thi Phu Dung a aussi déclaré que les dix hommes présents à cette réunion ont été conduits à la police et gardés pendant un certain temps avant d’être libérés dans la journée. Les femmes n’ont pas été amenées à la police, mais les agents ont dressé un procès verbal que la maîtresse de maison et trois autres des participantes ont été obligées de signer.

Dans sa lettre au secrétaire d’Etat américain (1), l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch explique que, si la communauté mennonite est depuis quelques années l’objet d’une sévère répression de la part des autorités, c’est en partie à cause de la personnalité et de l’action de son porte-parole et responsable, le pasteur Nguyên Hông Quang, qui a publiquement critiqué les arrestations de religieux et de dissidents politiques, défendu en tant qu’avocat la cause de paysans venus de la province et utilisé Internet pour lancer des appels à la liberté religieuse. Membre actif de l’Alliance évangélique du Vietnam, il avait été arrêté, avec cinq autres membres de sa communauté, le 8 juin 2004, pour avoir contrecarré des fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions (2). Le 12 novembre 2004, le Tribunal populaire de Hô Chi Minh-Ville le condamnait à trois ans de prison. Cinq autres membres de l’Eglise mennonite étaient condamnés par le même tribunal et pour le même chef d’accusation à des peines allant de neuf mois à deux ans de prison. Selon France-Presse, les diplomates étrangers n’avaient pas eu l’autorisation d’assister au procès qui a duré une journée (3).

Depuis cette époque, trois des fidèles condamnés lors du procès ont été relâchés. Le pasteur Quang et deux autres condamnés, Pham Ngoc Thanh et Lê Thi Hông Liên, ont fait appel. Selon Voice of the Martyrs, le jugement en appel du pasteur Quang et de son collaborateur Pham Ngoc Thach, qui était prévu pour le 2 février dernier, aurait été reporté à une date ultérieure, non encore précisée. Quant à Lê Thi Hông Liên, elle souffrirait aujourd’hui de confusion mentale, conséquence des traitements subis en prison.