Eglises d'Asie

Le Conseil national des Eglises aux Etats-Unis a publié des directives pour éviter les confusions entre aide humanitaire et prosélytisme religieux dans les régions affectées par le tsunami

Publié le 18/03/2010




Le 26 février dernier, deux mois jour pour jour après le tsunami qui a ravagé les côtes des pays situés sur le pourtour de l’océan Indien, le Conseil national des Eglises aux Etats-Unis, une organisation réunissant trente-six Eglises protestantes, anglicanes et orthodoxes, a publié des directives pour “les Eglises américaines engagées dans un travail de réhabilitation dans les régions affectées par le tsunami”. Rassemblées sous le titre : “Ecouter, apprendre et vivre au sein de la souffrance de l’Asie les directives ont été préparées en collaboration avec des responsables chrétiens du Sri Lanka et d’Indonésie. Elles ont été rédigées comme une mise en garde aux Eglises américaines contre les dangers liés à l’association de l’aide humanitaire et du prosélytisme religieux dans les régions majoritairement non chrétiennes touchées par le tsunami du 26 décembre 2004.

“Le travail de ceux qui ne connaissent pas la différence entre l’aide et l’évangélisation a entraîné de gros problèmes explique Shanta Premawardhana, pasteur d’origine sri-lankaise et secrétaire général adjoint chargé des relations interreligieuses auprès du Conseil. Principal rédacteur des directives, le Rév. Shanta Premawardhana cite l’exemple de l’ONG World Help, basée en Virginie, dont l’action visant à faire adopter à des familles chrétiennes des Etats-Unis trois cents enfants musulmans orphelins d’Aceh, en Indonésie, a soulevé de vives polémiques, avant d’être abandonnée (1). Pour le Conseil national des Eglises aux Etats-Unis, les communautés chrétiennes locales, en Asie, pourraient être confrontées à de graves menaces si des “organisations missionnaires” se lançaient dans des “pratiques agressives et inopportunes d’évangélisation”.

Afin d’éviter pareil écueil, les directives fournissent des conseils pratiques aux Eglises qui souhaitent s’impliquer dans l’aide aux victimes du tsunami. Cela passe par un rappel à grands traits de la situation actuelle du christianisme en Asie, par un appel à la prudence quant à la manière d’utiliser les fonds disponibles, ainsi que par des exemples spécifiques de projets à aider. Une fois l’attention médiatique passée, rappelle le Rév. Shanta Premawardhana, la souffrance des survivants du tsunami demeure. Dans ce contexte, les étrangers doivent apprendre à tenir compte des réalités culturelles et religieuses asiatiques, pour ne pas recourir à des pratiques et une théologie en matière d’évangélisation qui rappellent le “colonialisme souligne encore le pasteur d’origine sri-lankaise.