Eglises d'Asie – Laos
Dans le nord du pays, au sein du vicariat apostolique de Luang Prabang, pour la première fois depuis 1975, une église catholique a été officiellement consacrée au culte
Publié le 18/03/2010
Agé de 56 ans, Mgr Tito Banchong est l’unique prêtre du vicariat de Luang Prabang. Les autorités refusant jusqu’à présent qu’il réside à Luang Prabang, il vit habituellement à Vientiane, la capitale du pays, située à environ 180 km. au sud-est de la province de Xayaburi. Arguant d’impératifs de « sécurité les autorités autorisent Mgr Tito Banchong à visiter seulement les communautés catholiques des provinces de Luang Prabang et de Xayaburi. Celles des autres provinces, à Bo Keo, Luang Namtha, Phong Xali et Udomxai, lui sont interdites. Au total, le vicariat compte environ 3 500 catholiques, dont 300, d’ethnie Khmu, pour le seul village de Ban Pong Vang.
A la tête du vicariat, Mgr Tito Banchong ne souhaite pas mettre en avant les restrictions posées à ses activités. Il préfère souligner les points positifs des développements actuels de son Eglise. Ainsi, explique-t-il, l’an dernier, il a pu visiter à quatre reprises seulement les catholiques de Ban Pong Vang, mais, depuis le début de cette année, trois déplacements ont déjà été possibles et un quatrième devait avoir lieu à l’occasion des fêtes de Pâques. De plus, souligne toujours Mgr Tito Banchong, les autorités ont finalement accordé leur autorisation pour que le vicariat construise une « guest-house » à Luang Prabang (2). Dans cette ville, ancienne capitale et centre culturel et religieux (bouddhique) situé à 220 km. au nord de Vientiane, la construction d’une maison de six pièces a débuté et devrait être achevée d’ici à décembre 2005. Mgr Tito Banchong espère être autorisé à vivre sur place et à faire de Luang Prabang sa base permanente.
Avant toute mise en place pastorale, Mgr Tito Banchong insiste sur la nécessité pour lui de parvenir à une entente avec les autorités locales, car « il n’est pas prudent de se dissimuler pour travailler auprès des catholiques, sans avoir au préalable l’accord du gouvernement ». Ce cadre précisé, le responsable de l’Eglise de Luang Prabang se dit relativement optimiste. Les autorités pourraient en effet prochainement autoriser la construction d’une église à Phonxiang, toujours dans la province de Xayaburi, où des catholiques ont obtenu la permission de se rassembler et de prier. « La présence de l’Eglise ira croissant, en douceur, car l’Eglise essaye de travailler dans le cadre fixé par le gouvernement, lequel veut que les citoyens soient respectueux du religieux de façon à développer le pays dans tous ses aspects explique Mgr Tito Banchong, qui ajoute que l’Eglise ne travaille « en aucune façon » contre le gouvernement. Depuis 1975, Mgr Tito Bancong a connu à plusieurs reprises les prisons gouvernementales, une première fois d’avril 1977 à février 1981, puis de fin 1984 à septembre 1986 et à nouveau en 1998, pour une durée de cinq mois.
Parmi ses plans pour les années à venir, Mgr Tito Banchong prévoit de construire un centre de formation professionnelle, axé notamment sur l’apprentissage de la couture. Par ailleurs, il souhaite se rendre à Nong Khieu et à Viengkham, pour visiter les communautés catholiques certes, mais aussi pour construire des centres de santé avec des fonds de la Conférence épiscopale italienne. Avec des aides venues de l’étranger pour une action caritative et de développement, Mgr Tito Banchong voudrait aussi aider la léproserie de Pak Leum, à Luang Prabang.