Eglises d'Asie

Le diocèse de Wonju fait mémoire de son premier évêque, Mgr Tji Hak-soon, connu pour son engagement en faveur de la défense des droits de la personne

Publié le 18/03/2010




“C’est avec un grand courage que Mgr Tji a permis que la colère rentrée des gens s’exprime et que la flamme de la démocratie soit allumée.” C’est en ces termes que Mgr Philip Kim Byeong-sang, du diocèse d’Inchon, a fait mémoire de l’ouvre de Mgr Daniel Tji Hak-soon. Le 11 mars dernier, pour les quarante ans de sa fondation, le diocèse catholique de Wonju a organisé un séminaire autour de la personne de celui qui fut son premier évêque, Mgr Tji. Situé à une centaine de kilomètres au sud-est de Séoul, dans une région montagneuse et pauvre, Wonju a été érigé en diocèse le 22 mars 1965. Nommé par Paul VI, Mgr Daniel Tji a dirigé ce diocèse jusqu’à sa mort, le 12 mars 1993, à l’âge de 72 ans.

Selon le P. Patrick Chung In-joon, vicaire général du diocèse, “douze années ont passé depuis la mort de Mgr Daniel Tji, mais, à travers ce séminaire, on peut sentir que son esprit est toujours vivant parmi nous”. Pour le théologien laïc Leo Hwang Jong-ryul, qui est intervenu lors du séminaire, Mgr Tji avait été fortement marqué par le Concile Vatican II, auquel il participa en 1965, et avait gardé l’idée que l’Eglise devait être “la lumière du monde”. Selon Mgr Tji, “garantir à chacun le droit de vivre une vie d’être humain était le fondement de toute évangélisation”.

Outre un attachement profond à son diocèse qu’il a développé à partir de ressources financières réduites, Mgr Daniel Tji est resté présent dans les mémoires comme l’un des plus ardents porte-parole de l’Eglise catholique durant les années de dictature militaire. Arrêté en juillet 1974 pour son engagement en faveur d’un groupement étudiant que le régime du président Park Chung-hee dénonçait comme contrôlé par la Corée du Nord, Mgr Tji fut condamné le mois suivant à quinze ans de prison. L’évêque fut libéré l’année suivante. Mais sa détention – Mgr Tji est le seul évêque catholique à avoir été emprisonné en Corée du Sud – déclencha un mouvement de prière à travers tout le pays, d’où sortit l’Association des prêtres catholiques pour la justice (APCJ). L’APCJ prit alors le relais pour défendre les travailleurs et les laissés-pour-compte, s’opposant frontalement à la dictature militaire entre 1970 et 1980, organisant manifestations, jeûnes, veillées de prière et campagnes de signatures. Elle a participé aux mouvements pour la défense des droits de l’homme et la démocratie aussi bien que pour la réunification de la péninsule coréenne et, dès 1990, a commencé à parler des problèmes de paix et d’environnement (1).

Selon Mgr James Kim Ji-seok, l’actuel évêque de Wonju, Mgr Tji était “un bon pasteur” qui a répondu aux besoins de son temps. Pour Monseigneur Philip Kim Byong-sang, président de la Fondation ‘Justice et paix’ qui porte le nom du premier évêque de Wonju, Mgr Tji reste un modèle pour vivre la foi catholique, mobiliser les gens et combattre l’injustice.