Eglises d'Asie

Le séisme qui a frappé le 28 mars des îles situées au large de Sumatra a fait au moins 300 morts sur Nias, île majoritairement chrétienne

Publié le 18/03/2010




Selon des sources catholiques, le séisme qui a frappé des îles situées au large de Sumatra dans la nuit du 28 au 29 mars dernier a fait au moins 300 morts à Nias. Contacté au téléphone par l’agence Ucanews (1), l’évêque coadjuteur de l’archidiocèse de Medan, à Sumatra, a précisé que le nombre des morts sera sans doute plus élevé, étant donné que de nombreuses personnes sont encore prisonnières des décombres. Mgr Anicetus Bongsu Sinaga était précédemment évêque de Sibolga, le diocèse dont le territoire comprend l’île de Nias. Evangélisée il y a près de deux siècles par des missionnaires allemands, Nias compte aujourd’hui 728 000 habitants, très majoritairement protestants ; les catholiques y sont au nombre de 139 000.

L’épicentre de ce séisme, d’une magnitude de 8,7 sur l’échelle de Richter, a été situé au nord de Nias, entre les îles de Nias et de Simeulue. Le tremblement de terre est survenu presque trois mois jour pour jour, après la secousse du 26 décembre 2004 et le tsunami consécutif qui ont fait 273 000 morts et disparus dans les pays du pourtour de l’océan Indien. Selon Mgr Sinaga, les dégâts causés par le tremblement de terre du 28 mars ont été, à Nias, plus meurtriers que la catastrophe du 26 décembre. En décembre, 53 personnes avaient péri sur l’île et, pour les catholiques, seulement trois paroisses avaient été touchées ; cette fois-ci, les dégâts sont beaucoup plus importants. Selon un bilan communiqué à Banda Aceh par les Nations Unies, le séisme a fait au moins 518 morts et la Croix-Rouge indonésienne a avancé le chiffre de 1 000 décès. A Nias, les dégâts matériels sont très importants dans toute l’île. A Simeulue, les destructions sont moindres. Mgr Sinaga a précisé que les quatorze paroisses catholiques avaient souffert et que les villes de Gunung Sitoli, centre administratif de l’île, et Teluk Dalam, dans le district sud de l’île, avaient été particulièrement touchées.

A Gunung Sitoli, le P. Raymundus Laia, vicaire de la paroisse Saint François d’Assise, a raconté par téléphone, le 29 mars, que soixante-dix corps avaient été rassemblés à la paroisse Sainte Marie, distante de trois kilomètres de son église, pour y être enterrés. Sainte Marie avait déjà servi de base pour l’organisation des secours à la suite du tsunami du 26 décembre. Pour le P. Laia, le nombre des victimes ne peut qu’augmenter. “Le tremblement de terre s’est produit lorsque les gens dormaient [à 11 heures du soir]. Il est difficile de dégager les gens qui sont coincés sous les ruines, notamment dans les zones reculées a-t-il précisé. La destruction des infrastructures de transport, notamment celles du port et les dégâts causés à l’aéroport, les coupures d’électricité et des télécommunications ont retardé l’acheminement des premiers secours, a-t-il raconté, ajoutant que des membres des ONG venues à Nias pour aider après le tsunami de décembre figuraient parmi les victimes. Aux dégâts causés par le tremblement de terre lui-même, s’ajoutent ceux causés par les incendies, provoqués par des courts-circuits. A Gunung Sitoli, le marché de Nou et les alentours du cinéma et du pont de Nou ont été anéantis par les flammes. La partie de la ville allant du vieux port jusqu’aux réservoirs de pétrole a été la proie des flammes.

Selon le P. Laia, les gens sont encore très choqués par cette nouvelle catastrophe. Craignant un nouveau tsunami et de nouvelles secousses, une partie d’entre eux a cherché refuge dans les églises et les couvents, notamment ceux des Capucins et des Clarisses, situés sur les hauteurs. “Les habitants sont toujours en proie à la panique. Ils ne veulent pas retourner chez eux car les répliques secouent l’île de trois à quatre fois par heure a déclaré le P. Laia. Depuis le 29 mars au matin, les deux paroisses de Sainte Marie et de Saint François distribuent gratuitement des repas trois fois par jour. Les séminaristes ont été chargés de circuler à bord de camionnettes pour réunir les dépouilles des morts et organiser leur sépulture à Sainte Marie. Ils transportent également les blessés vers l’hôpital catholique Santa Clara, à Gunung Sitoli. Toujours selon le P. Laia, en raison des difficultés de communication, ce qui a pu être organisé dans les autres paroisses de l’île n’est pas connu.

Enfin, le P. Laia a confirmé les estimations données par les agences de presse, selon lesquelles 80 % des bâtiments à Gunung Sitoli ont été endommagés ou détruits. “C’est le cas des bâtiments d’églises et des écoles a-t-il précisé. Selon son témoignage, le P. Barnabas Winkler, administrateur du diocèse de Sibolga, figure parmi les blessés. Agé de 66 ans, le missionnaire d’origine allemande a été surpris dans son sommeil par le tremblement de terre, au troisième étage du presbytère où il logeait. “Il a été grièvement blessé, en tombant du troisième étage et en se retrouvant prisonnier des décombres a dit le P. Laia, qui a ajouté que le P. Winkler avait été transporté à l’hôpital Santa Clara. Selon le P. Mikael To, qui assure la coordination des secours à Gunung Sitoli, l’état de Mgr Barnabas s’améliore, mais son transfert par hélicoptère sur Medan est rendu difficile du fait du traumatisme crânien dont il souffre.