Eglises d'Asie

L’Eglise évangélique du Sud-Vietnam a tenu sa deuxième assemblée générale depuis sa reconnaissance officielle par l’Etat, en 2001

Publié le 18/03/2010




Du 1er au 4 mars dernier, l’Eglise évangélique du Sud-Vietnam a tenu, à Hô Chi Minh-Ville, son assemblée générale. C’était la deuxième fois depuis 2001, année où, après s’être donné un Comité exécutif et avoir rédigé et voté une charte, elle avait été officiellement reconnue par les autorités civiles après vingt-six ans de non-existence légale. 1 321 délégués participaient à cet événement, parmi lesquels des pasteurs dirigeants de communautés, des prédicateurs et des laïcs venus de trois grandes villes et de trente et une provinces, depuis la province de Quang Tri, au Centre-Vietnam, jusqu’à celle de Ca Mau, à l’extrême sud du Vietnam. Etaient aussi présents à ce rassemblement un certain nombre de représentants de l’Eglise évangélique du Nord, reconnue, elle, depuis les années 1950, des dirigeants protestants des Etats-Unis, venus en visiteurs, et plusieurs fonctionnaires des Bureaux des Affaires religieuses de niveaux local et national.

Les participants ont débattu d’un certain nombre d’amendements aux dispositions de la Charte votée lors de la première assemblée de 2001. Les amendements proposés seront mis en place par un bureau spécialement établi à cet effet par le Comité exécutif. L’amendement qui a soulevé le plus de débats est celui de l’article 9 de la Charte, qui stipule que les représentants des provinces et des villes peuvent être nommés par le Comité exécutif de l’Eglise. On a fait remarquer que c’était une pratique en contradiction avec l’esprit démocratique de l’Eglise évangélique. En outre, la première version de l’article, telle qu’elle figurait dans la Charte avant qu’elle ne soit présentée au gouvernement pour approbation en 2001, stipulait que “les représentants des provinces ou des villes pourront être élus par les pasteurs et les responsables des communautés de ces villes et de ces provinces”. C’est le Bureau des Affaires religieuses qui avait proposé la correction de cet article, correction acceptée alors par les responsables évangélique dans un souci de bonnes relations avec le gouvernement.

Une autre question a également été mise à l’ordre du jour. Beaucoup ont mis en cause une disposition de la première charte spécifiant qu’une femme prédicateur – elles sont une dizaine à remplir ce ministère – doit être célibataire et ne peut plus accomplir sa fonction une fois mariée. Beaucoup de pasteurs ont réclamé le droit de se marier pour les femmes accomplissant ce ministère. L’accession des femmes au pastorat, une tradition qui n’existe pas encore au Vietnam, a aussi été évoquée. Mais le président de l’Assemblée n’a pas accepté qu’un vote soit organisé à ce sujet.

Il a également été question des relations de l’Eglise et des autorités civiles. L’Assemblée a approuvé à l’unanimité le texte d’une pétition adressée au gouvernement réclamant la restitution de 217 bâtiments d’Eglise, confisqués par le gouvernement après 1976, des temples, des écoles ainsi que l’institut biblique de Nha Trang. Le pasteur Huynh Thiên Buu, qui participait à l’Assemblée générale, a confié à l’agence Ucanews (1) qu’il y avait peu de chances pour que cette restitution soit effective. Il a lui-même réclamé des autorités locales la restitution de l’église Phuoc Hâu, de Quy Nhon, confisquée en 1978. Cette demande n’a jamais été prise en compte par les autorités locales, alors que le bâtiment en question est depuis longtemps abandonné et sert aujourd’hui de toilettes publiques à la population.

Les membres de l’Assemblée et les observateurs extérieurs ont été très intéressés par les rapports d’activité qui ont été présentés au cours de la session et les informations officieuses qui y ont circulé, révélant une Eglise d’une grande vitalité. Depuis la première assemblée, 66 lieux de culte ont été construits, 89 pasteurs ont été ordonnés. Au mois de janvier dernier, 100 000 exemplaires de la Bible en vietnamien et en chinois ont été publiés. L’Assemblée a également salué la parution du premier numéro d’un bulletin pastoral, une première depuis 1975. Par ailleurs, on a appris que l’institut théologique et biblique ouvert à Hô Chi Minh-Ville avec cinquante étudiants a entamé un nouveau cycle de cours (2005-2008) avec cent nouveaux étudiants.

D’autres statistiques n’ont pas été mentionnées officiellement au cours de cette session de l’Assemblée générale, mais elles ont été rapportées par diverses sources. Depuis 1975, dans l’Eglise évangélique, 745 prédicateurs volontaires ont été formés sans permission du gouvernement. Des cours de recyclage en théologie ont été ouverts pour eux à Da Nang et dans la province de Gia Lai. Ont circulé également des informations concernant les communautés protestantes des Hauts Plateaux, sur lesquelles les récentes directives du Premier ministre ont fait porter l’attention (2). Selon des sources bien informées, dans les cinq provinces des Hauts Plateaux, à savoir Dac lac, Dac Nong, Gia Lai, Kon Tum et Lam Dong, il existerait aujourd’hui 604 communautés protestantes, comprenant chacune entre 200 et 2 000 membres. Le gouvernement n’en reconnaît que trente-six, et toutes les autres, sans lieu de culte, doivent mener leurs activités religieuses dans des maisons privées.

Au total, l’Eglise, officiellement reconnue, est composée de 128 pasteurs, 98 dirigeants de communautés, 57 prédicateurs à plein temps, 618 prédicateurs volontaires, 1 032 communautés et 479 378 fidèles. Cependant, selon la plupart des sources, les effectifs réels des protestants au Vietnam seraient de l’ordre de 1 200 000 fidèles.