Eglises d'Asie

Un religieux catholique et une protestante mennonite bénéficient de l’amnistie décrétée à l’occasion du trentième anniversaire de la fin de la guerre

Publié le 18/03/2010




Selon une information diffusée par Amnesty International (1), dans la liste des 7 500 prisonniers qui vont être libérés à l’occasion du trentième anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam, le 30 avril, se trouvent deux prisonniers de conscience : le P. Pham Ngoc Liên, appartenant à la Congrégation de Marie Co-Rédemptrice, qui a passé ces dix-huit dernières années en prison, et Melle Lê Thi Hông, chrétienne mennonite, depuis onze mois en prison où elle a été victime de mauvais traitements. L’un et l’autre sont dans un déplorable état de santé mentale et physique. La libération anticipée de ces deux prisonniers est un geste positif de la part des autorités, selon l’organisation internationale qui annonce la nouvelle et en profite pour appeler le gouvernement à libérer immédiatement tous les prisonniers de conscience et à cesser d’emprisonner les militants politiques ou religieux exerçant leur droit à la liberté d’expression. Les autorités vietnamiennes, en effet, continuent d’utiliser des lois sécuritaires pour réprimer la liberté d’expression, d’association et de religion, violant ainsi aussi bien le droit international que leur propre Constitution.

Le P. Pham Ngoc Liên avait été arrêté en mai 1987, en même temps que le supérieur général de sa congrégation, un grand nombre de ses confrères religieux ainsi que des laïcs. Leur incarcération faisait suite à une descente de police dans leur monastère de Thu Duc. La population catholique des paroisses environnantes était accourue pour défendre les religieux avec des armes de fortune. Trois agents de la Sûreté avaient été sévèrement blessés au cours de cet affrontement qui dura plusieurs jours. Outre les religieux, des dizaines de laïcs ayant participé à la défense du monastère furent arrêtés (2). Le procès de quinze religieux de la congrégation et de huit laïcs eut lieu quatre mois après les événements, au mois d’octobre 1987. Le supérieur général, le P. Trân Dinh Thu, et le frère Nguyên Châu Dat furent condamnés à la prison à perpétuité, peine qui fut ensuite, sous la pression de l’opinion internationale, commuée en vingt ans de prison (3). Les autres furent condamnés à diverses peines, jamais inférieures à quatre ans de prison. Le P. Pham Ngoc Liên avait été condamné à une peine de vingt ans de prison, plus cinq ans de résidence surveillée. Le chef d’accusation retenu contre lui était d’avoir fait de la propagande contre le régime socialiste et saboté la politique gouvernementale de solidarité. Cette même accusation avait été portée contre les vingt-deux autres accusés.

En 1993, le supérieur général et quatre autres religieux furent libérés (4). En décembre 1998, selon des informations en provenance de la congrégation, il restait encore quatre religieux en prison. Ces dernières années, seuls deux d’entre eux étaient encore incarcérés, le P. Pham Ngoc Liên (aussi appelé Tri) et le frère Nguyên Thiên Phung (aussi appelé Huân). Ce dernier ne ferait pas partie de la liste des prisonniers libérés pour le 30 avril. Il est encore incarcéré à la prison Z304, dans la province de Dông Nai, comme le signalait récemment une lettre ouverte d’un religieux bouddhiste libéré depuis peu, le vénérable Thich Thiên Minh, qui l’a connu durant sa détention (5).

Melle Lê Thi Hông Liên est une enseignante de 31 ans, membre de la communauté mennonite de Hô Chi Minh-Ville. Ayant participé à plusieurs manifestations publiques de sa communauté, elle a été arrêtée en juin 2004, avec plusieurs autres membres de la communauté mennonite dont le principal responsable, le pasteur Nguyên Hông Quang (6). Le 12 novembre, un tribunal de Hô Chi Minh-Ville la condamnait à treize mois de prison. Elle aurait souffert en prison de mauvais traitements et subi des interrogatoires musclés qui ont provoqué une très sérieuse altération de sa santé physique et mentale. En février dernier, elle avait été transférée à l’hôpital psychiatrique de Biên Hoa.