Eglises d'Asie

Au sein du collège des cardinaux-électeurs, qui compte 115 membres, les évêques originaires d’Asie sont au nombre de neuf

Publié le 18/03/2010




Lundi 18 avril, lorsque s’ouvrira le conclave des cardinaux chargés d’élire le prochain pape, la chapelle Sixtine accueillera, sauf changement de dernière minute, 115 cardinaux. Tous, à l’exception des cardinaux Joseph Ratzinger, William Wakefield Baum et Jaime Sin, créés cardinaux par le pape Paul VI ont accédé au cardinalat sous le pontificat de Jean-Paul II. Le cardinal Sin, ancien archevêque de Manille, ne participera toutefois pas au conclave, étant retenu à Manille par la maladie.

Inde

– Cardinal Ivan Dias, archevêque de Bombay, 69 ans (né le 14 avril 1936). Créé cardinal en février 2001, il est archevêque de Bombay depuis novembre 1997. Avant cela, sa carrière s’était déroulée au sein du service diplomatique du Saint-Siège, où, polyglotte, il a notamment été nonce en Afrique (Ghana, Togo et Bénin), en Corée du Sud (1987-1991) et en Albanie (1991-1997). Premier nonce en Albanie après la chute du communisme, il participe de près à la reconstitution de la hiérarchie catholique de cette Eglise martyrisée par le régime communiste, et il accueille Jean-Paul II lorsque ce dernier effectue dans ce pays une visite très remarquée, en avril 1993.

– Cardinal Telesphore Placidus Toppo, archevêque de Ranchi (Etat du Jharkhand), 65 ans (né le 15 octobre 1939). Créé cardinal en octobre 2003, il est évêque de Ranchi depuis 1984 (coadjuteur puis archevêque en titre en août 1985). Premier évêque indien issu de l’ethnie des Oraon, une des ethnies minoritaires regroupées avec les hors castes sous le vocable de dalits, ordonné en juin 1978, il a souvent pris la défense des ethnies minoritaires et défendu publiquement leurs droits, dans les Etats du Jharkhand et du Bihar (1). Ce faisant, il lui est arrivé de se heurter de front aux attaques et aux accusations des extrémistes hindous (2). Ce qui ne l’a pas empêché de se montrer un adepte profond et passionné du dialogue interreligieux. Lors d’une fête traditionnelle hindoue, il n’avait pas hésité à adopter comme sa sour une responsable d’une congrégation féminine hindoue (3). Il assume actuellement la présidence de la Conférence des évêques catholiques d’Inde (CBCI).

– Cardinal Varkey Vithayathil, archevêque majeur d’Ernakulam-Angamaly (Etat du Kerala), 77 ans (né le 29 mai 1927). Créé cardinal en février 2001, il appartient à la congrégation des rédemptoristes. Appartenant à l’Eglise syro-malabar, il est évêque depuis 1996 et archevêque majeur de l’Eglise catholique syro-malabar depuis décembre 1999. En novembre 2003, ses prises de position en faveur d’une plus grande autonomie des Eglises locales vis-à-vis de Rome n’étaient pas passées inaperçues. Il avait notamment appelé à plus d’autonomie et de pouvoir pour les conférences épiscopales (5).

Indonésie

– Cardinal Julius Riyadi Darmaatmadja, archevêque de Djakarta, 70 ans (né le 20 décembre 1934). Créé cardinal en novembre 1994, il est évêque depuis 1983. Archevêque de Semarang en 1983, ordinaire militaire à partir de 1984, il a été transféré sur le siège de Djakarta en 1996. Elu président de la Conférence épiscopale indonésienne en 1998, il a assumé cette responsabilité jusqu’en 1997, puis de nouveau à partir de janvier 2001. Le cardinal Darmaatmadja est jésuite.

Japon

– Cardinal Stephen Fumio Hamao, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des gens du voyage, 75 ans (né le 9 mars 1930). Créé cardinal en octobre 2003, Mgr Hamao est le seul Asiatique de la curie à diriger un dicastère. Evêque de Yokohama durant dix-neuf ans, il a présidé la Conférence des évêques japonais, avant d’être appelé par le pape, en 1998, à Rome. Dans un entretien à la presse, en 2003, il s’inquiétait de ne pas connaître suffisamment bien les autres cardinaux-électeurs. Souhaitant que le prochain pape, à l’image de Jean-Paul II, comprenne bien les autres cultures, les autres religions et les coutumes des différentes nations, il n’avait pas hésité à évoquer la nécessité de convoquer un nouveau concile pour aborder “les nouvelles questions” apparues depuis Vatican II (6).

– Cardinal Peter Seiichi Shirayanagi, archevêque émérite de Tokyo, 76 ans (né le 17 juin 1928). Créé cardinal en novembre 1994, il a été nommé évêque auxiliaire de Tokyo en 1966. En 1969, il est nommé évêque coadjuteur de Tokyo, puis archevêque de Tokyo en 1970, charge qu’il occupe jusqu’au 12 juin 2000. En juillet 1970, il est élu président de la Conférence épiscopale. Proche du cardinal Frings, ancien archevêque de Cologne, il s’est inspiré de l’exemple de ce diocèse pour mettre au service des Eglises d’Asie les ressources financières de son archidiocèse. Il a organisé une Semaine catholique pour la paix et multiplié les initiatives en ce sens, reconnaissant officiellement en 1986 la responsabilité de l’Eglise du Japon dans la guerre du Pacifique, ainsi qu’en direction de la Chine en 1989 (7). A l’occasion du décès de l’empereur Hirohito, en 1989, il a demandé, au nom des évêques japonais, que la séparation de la religion et de l’Etat, inscrite dans la Constitution, soit strictement respectée.

Philippines

– Cardinal Ricardo Vidal, archevêque de Cebu, 74 ans (né le 6 février 1931). Créé cardinal en mai 1985, Mgr Vidal est évêque depuis 1971. Transféré en 1981 à Cebu, il est l’autre grande figure de l’Eglise des Philippines, avec le cardinal Sin. A ce titre, personnalité plus spirituelle que politique, il s’est impliqué dans tous les grands débats de la société philippine, préférant parfois des actions moins spectaculaires que celles soutenues par l’archevêque de Manille, comme en 2000 lors des semaines agitées qui ont mené à la destitution du président Estrada (8). Il est membre du comité permanent de la FABC.

Vietnam

– Cardinal Jean-Baptiste Pham Minh Mân, archevêque de Hô Chi Minh-Ville, 70 ans (né en 1934). Créé cardinal en octobre 2003, il est le premier titulaire de l’archevêché de Saigon à recevoir ce titre, soulignant ainsi la vitalité chrétienne de la partie sud de l’Eglise du Vietnam. Depuis sa nomination en mars 1998 à Hô Chi Minh-Ville, siège alors vacant depuis trois ans, Mgr Pham Minh Mân s’est signalé par une particulière liberté de ton dans ses déclarations publiques traitant des rapports de l’Eglise et de l’Etat. En 2002, dans une lettre envoyée le 25 décembre 2002 au Comité d’union du catholicisme, l’archevêque décrivait les multiples formes d’aliénation subies par la société vietnamienne et critiquait sévèrement le régime sous lequel était placée la société civile, un régime qu’il qualifiait de « régime demander-donner” (co chê xin cho), système fonctionnant par demande d’autorisation et octroi d’autorisation (9). Une autre de ses lettres, envoyée au Front patriotique de Hô Chi Minh-Ville, exposait le travail social accompli par l’Eglise et réitérait les critiques fondamentales adressées au régime. En juillet 2003, invité à donner son avis sur une nouvelle ordonnance concernant la religion, il proposait tout simplement de laisser tomber ce texte pour revenir à la première ordonnance sur ce sujet, signé de Hô Chi Minh et datant de 1955, un texte en apparence tout à fait libéral, mais n’ayant jamais été appliqué (10).

Thaïlande

– Cardinal Michael Michai Kitbunchu, archevêque de Bangkok, 76 ans (né le 25 janvier 1929). Créé cardinal en février 1983, Mgr Kitbunchu a été le premier Thaïlandais élevé à la dignité de cardinal. Président de la Conférence des évêques de Thaïlande depuis mai 2000, il a été nommé archevêque de Bangkok par le pape Paul VI, en décembre 1972. Réputé pour ses qualités d’administrateur, polyglotte, il a développé de façon spectaculaire les institutions de son diocèse et de son Eglise, s’attachant notamment à former des vocations sacerdotales nombreuses.

Parmi les cardinaux non électeurs, car ayant dépassé les 80 ans, on trouve, pour l’Asie, le cardinal Simon Ignatius Pimenta, archevêque émérite de Bombay, le cardinal Simon Lourdusamy, préfet émérite de la Congrégation pour les Eglises orientales, le cardinal Stephen Kim Sou-hwan, archevêque émérite de Séoul, le cardinal Paul Joseph Pham Dinh Tung, archevêque émérite de Hanoi, et le cardinal Paul Shan Kuo-hsi, évêque de Kaohsiung.