Eglises d'Asie – Vietnam
La pression policière ne se relâche pas sur les populations montagnardes des provinces des Hauts Plateaux du Centre-Vietnam
Publié le 18/03/2010
Un des signes les plus récents de la volonté de contrôle du pouvoir central sur la population des provinces est l’accord signé samedi 9 avril, à la suite d’entretiens entre le ministre vietnamien de la Sûreté publique, Lê Hông Anh, et le ministre cambodgien de l’Intérieur, Norodom Sirivudh. Bien que les militants montagnards ne soient pas nommés, il ne fait pas de doute que l’accord a pour but d’empêcher leur libre circulation du Vietnam au Cambodge. Il y est dit que “les deux parties (.) ont aussi discuté des activités des forces hostiles en vue de saboter la solidarité et l’amitié traditionnelles entre les deux peuples, de porter atteinte à la sécurité et à l’ordre social de chaque pays Le communiqué ajoutait que “les deux parties ont convenu de renforcer l’échange des informations en vue d’améliorer la coopération bilatérale, de maintenir la sécurité et l’ordre public des régions frontalières”.
Ces accords succèdent à d’autres, tripartites, qui ont été conclus entre le Vietnam, le Cambodge et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. L’accord signé le 25 janvier 2005, après de longues négociations, prévoit que les Montagnards ayant fui au Cambodge, au nombre de 700 environ au moment de l’accord, pourraient s’établir dans un tiers pays, ou encore être rapatriés au Vietnam, s’ils en manifestaient le désir. Le Vietnam s’engageait à ne prendre aucune sanction contre eux, disposition que les fonctionnaires des Nations Unies pensaient pouvoir contrôler, bien que la procédure adoptée à cet effet n’ait pas été révélée. Le 12 mars 2005, selon les déclarations des représentants du Haut Commissariat aux réfugiés au Cambodge, les neuf premiers Montagnards étaient ramenés dans leur pays. Selon la même source, quarante-trois des 716 Montagnards ayant fui leur pays auraient demandé le rapatriement. Au 10 avril dernier (1), trente-cinq d’entre eux avaient rejoint le Vietnam.
Le fait que, presque un an après, la police et la justice vietnamiennes continuent de poursuivre et de condamner ceux qu’elles accusent d’avoir été les meneurs des troubles d’avril 2004 constitue un autre signe de l’attention portée à une éventuelle agitation de la population. Tout récemment, le 6 avril dernier, la presse officielle rapportait, sans en donner la date, le procès intenté par le Tribunal populaire de Gia Lai à deux jeunes militants montagnards, Rolan Hloe, 37 ans, et Kpuih Chonh, 47 ans. Le premier était condamné à sept ans de prison et le second à cinq ans. Ils auraient organisé la fuite à l’étranger de nombreux compatriotes. Un premier voyage de dix personnes aurait eu lieu en juin 2004, suivi de plusieurs autres ayant permis à cinquante-huit Montagnards de joindre le Cambodge. Une semaine auparavant, un autre procès avait eu lieu dans la province voisine de Dak Nong, qui avait condamné deux hommes à cinq ans et à trois ans de prison pour avoir, à l’époque, organisé des manifestations. Le 26 janvier, le journal Thanh Niên (‘Jeunes Gens’) rapportait, sans donner de précision qu’un tribunal d’une province des Hauts Plateaux avait condamné trois hommes à des peines de prison, allant de dix à onze ans de prison, pour avoir mis en péril l’unité nationale. Selon le journal, les condamnés auraient reçu directement leurs ordres de “réactionnaires” du FULRO (Front uni de libération des races opprimées), exilés aux Etats-Unis, qui, sous le commandement de Kok Ksor, projetaient de créer un Etat indépendant dit “DEGA” sur les Hauts Plateaux du Centre-Vietnam.
En fait, il ne s’agit là que de condamnations et arrestations rapportées par la presse officielle. Un rapport très sombre, publié sur ce sujet par Human Rights Watch le 10 janvier 2005 (2), affirme que pour la seule période de Noël, du 12 au 24 décembre 2004, 129 personnes ont été arrêtées par la police dans la province de Gia Lai.