Eglises d'Asie – Divers Horizons
Le premier voyage d’un autobus à travers les deux parties du Cachemire a été accueilli avec joie aussi bien en Inde qu’au Pakistan
Publié le 18/03/2010
L’autobus était parti de Srinagar, la “capitale d’été” de l’Etat, seulement quelques heures après que les militants séparatistes eurent attaqué à l’explosif le complexe gouvernemental abritant les passagers du côté indien. Une bataille s’en était suivie, opposant les troupes indiennes et les militants séparatistes, tandis que le complexe était entièrement anéanti par les flammes. Deux civils et deux séparatistes ont été tués, mais tous les passagers ont eu la vie sauve. Malgré les menaces de mort, proférées par les opposants, qui en avaient fait reculer quelques-uns, ils étaient vingt-quatre à tenter l’aventure de ce premier voyage sur une route que les forces indiennes avaient préalablement déminée. La destination du voyage était Muzaffarabad, capitale de la partie du Cachemire occupée par le Pakistan. Mais, lorsque l’autobus a traversé le pont Kaman sur le Jelhum, un fleuve qui sépare les deux parties du Cachemire, des scènes émouvantes se sont produites, que la télévision a montrées aux spectateurs des deux pays. Des anciens revenant dans leur pays de naissance, quitté depuis plus de cinquante ans, ont laissé éclater leur joie. D’autres ont embrassé la terre.
C’est en 1989 que, dans ce seul Etat à majorité musulmane de l’Inde, les séparatistes ont entamé leur rébellion armée, réclamant la séparation d’avec l’Inde et la réunification des deux parties appartenant l’une à l’Inde l’autre au Pakistan. Cette division avait eu lieu eu lieu en 1948, lors du cessez-le-feu qui avait été imposé par les Nations unies aux deux Etats voisins en guerre à propos de cette question litigieuse. En 1971, les deux pays avaient accepté une ligne de contrôle traversant le Cachemire et cette frontière temporaire était devenue une des zones les plus lourdement militarisée du monde.
Par l’intermédiaire de son porte-parole, le P. Babu Joseph, la Conférence épiscopale de l’Inde a également porté un jugement sur l’événement du 7 avril. “Il s’agit, a-t-il dit, d’une étape historique, ouvrant la porte à des échanges et à des contacts entre les populations.” Les évêques indiens ont manifesté le désir que les relations entre les deux pays atteignent leur plus haut niveau et soient la source d’une plus grande stabilité et d’une meilleure coopération entre eux. L’épiscopat indien rejoignait ainsi le vou du Premier ministre qui, lors du départ du premier véhicule, avait affirmé qu’il inaugurait une nouvelle ère pour le Cachemire. Le ministre-président, par la même occasion, avait ajouté que ceux qui tentaient d’interrompre le trajet de l’autobus ne faisaient pas moins que d’empêcher des mères de rendre visite à leurs enfants, d’interdire à des frères de rencontrer leurs sours.
Les milieux chrétiens concernés de près marquent leur soulagement comme cette communauté de religieuses de Baramulla, située à la frontière, qui s’est réjouie du passage de l’autobus. Pour elles, il remplaçait heureusement les bandes armées dont elles avaient l’habitude. En outre, les chrétiens envisagent également, un renouveau possible des relations entre les deux Eglises de l’Inde et du Pakistan. Le curé de l’Eglise de Saint Pierre de Jammu affirme que désormais les chrétiens des deux pays pourront se rendre dans le pays voisin pour y découvrir les communautés chrétiennes et y faire des pèlerinages dans les lieux sacrés. Les chrétiens habitant le côté indien du Cachemire souhaitent pour la plupart se rendre à Mariamabad, le très renommé sanctuaire du diocèse de Lahore. L’évêque de Jammu-Srinagar n’a d’ailleurs pas attendu pour profiter de cette nouvelle possibilité puisque, déjà au moment de l’évènement, il était en visite dans le diocèse de Lahore, au Pakistan.