Eglises d'Asie – Vietnam
Les persécutions contre les chrétiens h’mongs du nord-ouest du pays s’intensifient
Publié le 18/03/2010
Voilà au moins deux décennies que l’exercice de la foi entraîne pour eux de la part des autorités locales de la discrimination, des mauvais traitements, des menaces de mort (2). Cependant, la documentation recueillie par l’organisation américaine à l’occasion du 30 avril fait état d’un regain de terreur chez les Montagnards du Nord, à tel point que plus d’une centaine d’entre eux ont été obligé de s’enfuir du pays au cours des deux mois écoulés. Cette documentation est composée d’interviews enregistrées, de témoignages écrits par les responsables religieux des chrétiens h’mongs, parmi lesquels des textes précisant les noms et les fonctions des agents officiels impliqués dans la persécution.
La conclusion du directeur du Centre pour la liberté religieuse, Nina Shea, est sévère : « Trente ans après la chute de Saigon, l’intensité de la persécution infligée aux chrétiens d’ethnie h’mong montre clairement que le gouvernement communiste maintient son hostilité contre les croyants (.). Quels que soient les changements législatifs annoncés, il apparaît qu’ils n’ont apporté aucune amélioration aux protestants du Vietnam, dont la majorité appartient aux ethnies minoritaires des provinces du Nord-Ouest et du Centre-Vietnam ».
Sur le site Internet de Freedom House, on peut trouver un certain nombre d’extraits de récits rédigés par des militants chrétiens h’mongs concernant des faits précis de persécution. Les noms des victimes, la désignation des lieux y ont été camouflés pour éviter des représailles qui, dans d’autres cas, ont déjà eu lieu. Un responsable de communauté raconte, par exemple, le récit suivant. La communauté des 213 croyants dont il est responsable a été victime des gardes-frontières du lieu, après que ceux-ci eurent appris que des bibles et des livres de chants avaient été achetés à Hanoi et introduits dans le village. Les agents des forces de l’ordre ont attaché avec des cordes et menotté ensemble hommes, femmes et enfants. Pendant ce temps, d’autres agents entraient dans les maisons où ils tuaient la volaille et le bétail. Tous les fidèles furent soumis à une amende de 200 000 dôngs (16 euros). Beaucoup furent battus. Les responsables de la communautés furent jetés en prison, menottés et enchaînés pendant trois jours, nourris de deux bols de riz, sans qu’il leur soit possible de manger et de boire ce que leurs familles leur apportaient. Des représentants de la communauté allèrent ensuite se plaindre à Hanoi, où il leur fut déclaré que le christianisme n’était pas une religion h’mong mais américaine. Lorsque les représentants revinrent au village, la persécution des autorités locales reprit de plus belle. De nouveau, des chrétiens furent enchaînés et torturés, par exemple, en leur faisant ingurgiter de force de nombreux litres d’eau.
Dans les années 1980, des mouvements collectifs de conversion ont amené des villages h’mongs entiers vers le catholicisme. Le même mouvement s’est poursuivi ensuite en faveur du protestantisme, dont la pénétration dans la région est relativement récente. Depuis les années 1990, des récits de persécution de ce type parviennent en Occident par différentes voies et concernent aussi bien des communautés catholiques que protestantes. Ils font état des mêmes méthodes violentes, comprenant même des cérémonies où les chrétiens se voient obligés de renoncer à leur foi pour revenir à leurs anciennes croyances. Les faits dénoncés par Freedom House se sont déroulés après la publication de la fameuse directive concernant le culte protestant dans les ethnies montagnardes (3), qui semblait annoncer la fin de ces pratiques.