Eglises d'Asie – Corée du sud
Les responsables religieux sud-coréens soutiennent leur gouvernement à propos d’un litige territorial opposant Séoul et Tokyo
Publié le 18/03/2010
La controverse avait débuté quelques jours plus tôt, lorsque, le 16 mars, la préfecture de Shimane, au Japon, a publié un décret instituant le 22 février « Journée de Takeshima ». Ce jour-là, en 1905, selon les autorités japonaises, le gouverneur de la préfecture de Shimane avait déclaré les îlots en question, situés en « Nihon-kai » ou « mer du Japon » (la « mer de l’Est » pour les Coréens) territoire japonais (1). L’actuel ambassadeur du Japon en Corée du Sud, Takano Toshiyuki, a souligné le centenaire de cette revendication, en déclarant, le 23 février dernier, lors d’une conférence de presse à Séoul, que les îlots étaient, selon l’histoire et le droit international, territoire japonais. A la suite de ces événements, les relations entre les deux pays, qui s’étaient réchauffées ces derniers temps, se sont brutalement rafraîchies. En réaffirmant jusque dans les nouveaux manuels scolaires sa souveraineté sur Takeshima-Dokto, Tokyo a provoqué un regain de courroux à Séoul.
Pour les Coréens, la revendication japonaise sur les îlots Dokto est infondée. Ils citent deux documents officiels japonais de l’époque Edo (1603-1867) ainsi que des cartes japonaises où il est écrit que ce territoire appartient à la Corée. Après la défaite du Japon à l’issue de la seconde guerre mondiale, la Corée a revendiqué la souveraineté sur ces îlots. Depuis, la Corée du Sud y stationne une poignée de membres des forces de sécurité et y a construit un phare, ainsi que quelques installations d’habitation et d’accostage pour les bateaux.
Selon les responsables religieux sud-coréens, le regain de tension sur ce dossier est à mettre au compte du Japon, qui, selon eux, refuse d’assumer son histoire passée et tente de raviver la flamme du militarisme. Ils ont ainsi demandé que le gouvernement japonais présente des excuses pour « les crimes de guerre » de la deuxième guerre mondiale, citant notamment la prostitution de dizaines de milliers de « femmes du réconfort en majorité sud-coréennes. Ils ont aussi demandé que le gouvernement japonais offre des réparations pour ces crimes. Les responsables religieux ont par ailleurs appelé « les personnes de conscience » en Corée et au Japon à agir afin de régler le contentieux sur les îlots Dokto pour le bien de l’amitié et de la paix entre les deux pays.
Pour la partie catholique (2), Mgr Hyginus Kim Hee-jung, évêque de Kwangju et président du Comité épiscopal coréen pour la promotion de l’unité des chrétiens et le dialogue interreligieux, a signé le communiqué du Conseil, créé en 1997 pour promouvoir l’harmonie entre les religions en Corée et la réalisation de projets en commun.
Le 26 mars, des membres des religions représentées au Conseil se sont embarqués pour une visite à la garnison stationnée sur l’îlot principal des Dokto, afin d’encourager les hommes qui y vivent. Le P. Basil Cho Kyu-man, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Corée, était du voyage. Il a déclaré que les arguments du Japon étaient « sans fondement, le dossier ne méritant pas de nouvelles discussions ». Dokto est « de manière évidente territoire coréen a-t-il ajouté.
Parallèlement, le Conseil national des Eglises en Corée, organisation réunissant différentes Eglises chrétiennes, a écrit au Conseil national chrétien du Japon, pour demander aux Eglises japonaises et aux intellectuels de ce pays de « guider le gouvernement japonais de façon à ce qu’il revienne sur le bon chemin menant à une nouvelle histoire de respect mutuel ».
La controverse sur les îlots Dokto-Takeshima intervient dans un contexte tendu, caractérisé par de nouveaux échanges très vifs au sujet de la révision des manuels scolaires destinés aux lycéens japonais. Adoptée, mardi 5 avril, par le ministère japonais de l’Education, la nouvelle version de l’histoire moderne du pays a jeté de l’huile sur le feu des relations déjà tendues du Japon avec ses voisins chinois et coréen. Avec Pékin, le contentieux porte, outre les manuels scolaires, sur la ligne de démarcation des zones économiques exclusives en mer de Chine orientale (région riche en ressources énergétiques) et sur la souveraineté d’îlots inhabités, Senkaku en japonais, et Diaoyu en chinois.