Eglises d'Asie

Un tribunal de Hô Chi Minh-Ville a confirmé en appel les peines infligées en première instance au principal responsable de la communauté mennonite au Vietnam et à son proche collaborateur

Publié le 18/03/2010




Le 12 avril 2005, le Tribunal populaire suprême de Hô Chi Minh-Ville a jugé en appel deux membres de l’Eglise mennonite du Vietnam, son responsable principal, le pasteur et avocat Nguyên Hông Quang, et l’un de ses adjoints, le missionnaire Pham Ngoc Thach. A l’issue d’un procès qui a débuté à 7 heures 30 et s’est achevé deux heures et demie plus tard, le jury a confirmé les peines qui avaient été portées en première instance, à savoir trois ans de prison pour le pasteur et deux ans pour son adjoint.

Seules deux personnes proches des accusés étaient présentes au tribunal ce jour-là, l’épouse du pasteur Quang et le père de Pham Ngoc Thach. Contrairement à ce que prévoit le code de procédure pénale, ils n’avaient reçu aucune convocation et avaient simplement été avertis par leur avocat. Ce dernier avait reçu communication de la date du procès qui, dans un premier temps, avait été annoncé pour le mois de février, une semaine seulement avant qu’il ait lieu.

A cette occasion, la communauté mennonite et plusieurs communautés chrétiennes de la métropole du Sud-Vietnam s’étaient mobilisées et avaient organisé deux jours de jeûne et de prière, le 11 et le 12 avril. Le jour du procès, des forces de police nombreuses, équipées de matraques et protégées par des boucliers, avaient été dépêchées autour des bâtiments du tribunal. Malgré cela, environ deux cents personnes s’étaient massées devant le lieu du procès, pour manifester leur soutien au pasteur Quang. Beaucoup étaient des pasteurs de la communauté mennonite et nombre d’entre eux appartenaient aux paroisses des Hauts Plateaux du Centre-Vietnam. On pouvait aussi y voir les dirigeants de la Communion évangélique du Vietnam, le prêtre rédemptoriste Chân Tin, les deux neveux du P. Nguyên Van Ly dont le pasteur Quang avait été l’avocat.

Le pasteur avait été arrêté avec cinq autres membres de sa communauté le 8 juin 2004 (1), pour avoir contrecarré des fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions. Le 12 novembre 2004, le Tribunal populaire de Hô Chi Minh-Ville le condamnait à trois ans de prison. Les cinq autres membres de l’Eglise mennonite avaient été condamnés par le même tribunal et pour le même chef d’accusation à des peines allant de neuf mois à deux ans de prison (2). Quelque temps plus tard, trois des fidèles condamnés avaient été remis en liberté. Le pasteur Quang et deux autres condamnés, Pham Ngoc Thach et Lê Thi Hông Liên, firent appel. Lê Thi Hông Liên souffrirait aujourd’hui de confusion mentale à cause des traitements subis en prison.

Le motif allégué pour l’arrestation et la condamnation du pasteur, à savoir son opposition à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, semble se référer à une altercation ayant eu lieu le 2 mars 2004 à Hô Chi MinhVille entre des fidèles de l’Eglise mennonite et des membres de la police qui, au nombre d’une centaine, avaient cerné le lieu de culte. Quelques fidèles avaient photographié la motocyclette d’un policier en civil posté près du lieu de culte, geste qui avait déclenché une bagarre. Lors du procès en appel, l’avocat du pasteur, Me Nguyên Van Dai, a mis en cause le bien fondé de cette accusation (3). Il a montré que, selon l’article 257 du Code pénal, le crime, pour être sanctionné, devait être accompagné de la menace d’une arme, ce qui n’était en rien le cas.

Voilà déjà plusieurs années que le pasteur Nguyên Hông Quang s’est fait connaître par ses interventions publiques en faveur de la liberté religieuse et des droits de l’homme. En tant que responsable de la communauté mennonite au Vietnam, il a réagi avec éclat aux persécutions et tracas subis par les fidèles de son Eglise, qui ne fait pas partie des communautés religieuses officiellement reconnues. Dès septembre 2001, grâce à une lettre de lui envoyée à l’étranger, on avait pris connaissance des premiers démêlés de la communauté mennonite et de son pasteur avec la police, à propos d’une école pour pauvres qu’elle essayait de faire fonctionner (4). En juin 2003, en tant qu’avocat, le pasteur Quang s’était mêlé à la lutte d’une communauté protestante pour construire sa propre église dans le deuxième arrondissement de Hô Chi Minh-Ville, malgré l’interdiction et les interventions musclées de la police (5). A plusieurs reprises, il signalera dans ses lettres des persécutions subies au Vietnam par sa communauté à Kontum et à Hô Chi Minh-Ville (6). C’est lui que les neveux du P. Ly avaient choisi comme avocat pour leur procès, un choix qui n’avait pas été ratifié par les autorités.