Eglises d'Asie

Une centaine de catholiques nord-coréens ont pris part à une messe célébrée à Pyongyang en mémoire du pape Jean-Paul II

Publié le 18/03/2010




A Pyongyang, le dimanche 10 avril, une centaine de catholiques nord-coréens ont pris part à une messe célébrée en mémoire du pape Jean-Paul II, mort à Rome le 2 avril précédent. Dans l’unique église ouverte au culte catholique de la capitale nord-coréenne, l’église de Changchung (Jangchung), c’est un prêtre coréen résidant aux Etats-Unis qui a présidé l’office religieux. Telles sont les informations qui ont été diffusées le jour même en Corée du Sud par Munhwa Broadcasting Corporation (MBC TV) qui a montré une courte séquence, de 85 secondes, envoyée par satellite depuis Pyongyang par Associated Press Television News.

Sur la séquence diffusée, on peut voir le prêtre, non identifié à ce jour, distribuer la communion à des fidèles. Un certain Kim Yong-il, présenté comme un responsable nord-coréen de l’église, déclare devant la caméra : “Lorsque j’ai entendu pour la première fois que le pape était décédé, j’ai été très surpris.” Il ajoute que des prières en mémoire du pape ont été dites dans les églises à travers le pays.

A Séoul, le 11 avril, un porte-parole du Comité épiscopal sud-coréen pour la pastorale des migrants et des gens du voyage a déclaré que le prêtre non identifié pouvait être un Coréen ordonné aux Etats-Unis, mais qu’il était impossible pour l’heure de préciser son identité. Selon James Byun Jin-heung, catholique sud-coréen et spécialiste des questions nord-coréennes, l’église de Changchung ne dispose d’aucun clergé et on ne lui connaît que deux responsables, des laïcs. Le Kim Yong-il de l’extrait vidéo est un nouveau venu, selon James Byun. Par ailleurs, l’Association des prêtres catholiques pour la justice (ACPJ), organisation qui a des liens réguliers avec la Corée du Nord, a fait savoir qu’elle avait reçu le 8 avril une lettre de l’Association des catholiques (nord-)coréens, par laquelle l’Association faisait part de ses condoléances pour la mort de Jean-Paul II et de l’organisation d’un service de prière dans l’église de Changchung ; il n’était pas fait mention de la célébration d’une messe.

Dans les médias sud-coréens, des analystes ont spéculé sur les raisons qui ont poussé le régime nord-coréen à faire “rapidement” part de la mort du pape. Le mardi 5 avril, Pyongyang avait en effet rejoint le concert mondial qui a suivi la mort de Jean-Paul II, un message de l’Association des catholiques (nord-)coréens exprimant son “profond chagrin”. “A l’annonce de la triste nouvelle de la mort de Sa Sainteté le pape Jean-Paul II, j’exprime mes profondes condoléances a déclaré Samuel Jang Jae-on, président du Comité central de l’Association, dans ce message adressé au Vatican. “Tous les croyants catholiques de notre pays ont organisé des services en signe de profond chagrin à la cathédrale Jangchung de Pyongyang et dans les lieux de culte à travers le pays avait-il ajouté. Selon les médias sud-coréens, le message de l’Association et la diffusion de la séquence vidéo ont été pensés par les autorités nord-coréennes pour montrer au monde que “la liberté de religion” existe dans le pays.

Officiellement, les activités religieuses sont autorisées en Corée du Nord et, selon l’Association des catholiques (nord-)coréens, le pays compte entre trois et quatre mille fidèles. Toujours selon l’Association, de 250 à 300 personnes prennent part aux services religieux dominicaux, célébrés à l’église de Changchung. Des assemblées tenues en l’absence de prêtre, car personne n’a connaissance de l’existence de prêtres ou de religieux en Corée du Nord. Ces dernières années, il est arrivé que des prêtres ou des évêques de passage à Pyongyang célèbrent la messe à l’église de Changchung (1).