Eglises d'Asie

Chrétiens et non-chrétiens partagent la même émotion après l’assassinat du vicaire général du diocèse de Patna

Publié le 18/03/2010




La mort du P. Mathew Uzhuthal, vicaire général du diocèse catholique de Patna, qui a succombé à ses blessures, le 1er mai dernier, après avoir été poignardé le 11 avril précédent, a suscité une grande émotion dans la population du pays, quelles que soient les appartenances confessionnelles. Depuis ce décès, les protestations se succèdent. Une association interreligieuse, le “Forum contre la violence a même été fondée pour défendre sa cause.

Le P. Uzhuthal, qui était aussi le curé de la paroisse de Mokama, avait été attaqué à l’arme blanche dans son presbytère par un certain Gyan Prakash Das, qui n’a pas encore été arrêté. Selon la presse, le prêtre se serait violemment opposé à une tentative d’extorsion de fonds de son agresseur, habitant de Mokama, région de l’Etat du Bihar renommée pour le nombre de hors-la-loi qui s’y cachent.

Dès avant la mort du prêtre, sous l’impulsion des Sours de la Charité de Nazareth, qui tiennent un hôpital dans la ville, une première initiative publique avait été prise, la création d’un “Forum des citoyens de Mokama rassemblant des personnes de toutes les appartenances religieuses. L’arrestation du coupable tardant à se concrétiser, une délégation de cette association, devenue par la suite le “Forum des citoyens concernés a fait appel au directeur général de la police, le 28 avril. La même délégation a contacté par la suite le gouverneur de l’Etat du Bihar. Ce forum a joué un rôle déterminant dans le mouvement de protestation qui a suivi la mort du prêtre.

Le jour même de sa mort, le 1er mai, quelque 2 000 personnes de différentes Eglises avaient participé à la messe et à la prière aux intentions du défunt. Des délégations des différentes Eglises chrétiennes étaient venues se joindre à ce premier rassemblement pour honorer un prêtre qui avait été très actif dans le domaine ocuménique. Le lendemain, dans l’Eglise de Mokana, où le P. Uzhuthal avait accompli son ministère durant vingt-trois ans, une messe était célébrée. Trois évêques et quelque 3 000 chrétiens venant de cinq diocèses du Bihar et du Jharkhand étaient accompagnés par un certain nombre de personnes d’autres confessions.

Après ces rassemblements religieux, le mouvement de protestation allait faire boule de neige. Le 2 mai, quarante des soixante-cinq prêtres diocésains s’accordaient sur un plan d’action destiné à soutenir les paroissiens de Mokama. Le lendemain, répondant à un appel lancé par l’ancien provincial des jésuites du diocèse de Patna, trente-sept supérieurs majeurs et les responsables des principaux établissements d’Eglise rejoignaient ce premier groupe. Enfin, le 5 mai était créé le Forum contre la violence qui se donnait pour rôle de suivre de près l’action de la justice, d’éclairer les médias et surtout de mobiliser le plus de personnes possible, sans tenir compte de leur appartenance religieuse.

L’émotion générale s’est manifestée avec le plus d’intensité le 8 mai dernier, date à laquelle une foule de 3 000 personnes, comprenant des hindous, des musulmans et des sikhs, s’est rassemblée en silence auprès du Collège de filles de Patna pour honorer la mémoire du prêtre assassiné. Une grande chaîne humaine s’est ainsi formée tout au long d’une des rues les plus fréquentées de la ville et les dirigeants des différentes religions sont venus déposer des guirlandes de fleurs devant le portrait du défunt. Les représentants de diverses religions sont intervenus à tour de rôle. Le responsable de l’Association des dalits musulmans a assuré le forum de son soutien tout en estimant regrettable qu’une personne aussi noble que le P. Mathew Uzhuthal, qui s’était entièrement consacré au service de la population du Bihar pendant plus de quarante ans, périsse ainsi, victime d’une attaque homicide. Pour sa part, le représentant des sikhs a affirmé que sa communauté partageait pleinement le sentiment des chrétiens.

Le Forum des citoyens concernés continue aujourd’hui encore son action et travaille à la rédaction d’un rapport des faits destiné à informer le président de la Fédération indienne, le Premier ministre, le ministère de l’Intérieur et la Commission nationale des droits de l’homme.