Eglises d'Asie

Face au problème de la traite des femmes, Caritas Népal continue de lutter et d’alerter l’opinion publique

Publié le 18/03/2010




Depuis des années, le trafic d’êtres humains, des personnes de sexe féminin en particulier, fait des victimes au Népal. Rupa Rai, responsable de la branche féminine de Caritas Népal, rappelle qu'”il y a cinq ans, Caritas Népal a mis sur pied et coordonne depuis un réseau de sensibilisation formé des principales ONG soucieuses de prévenir, secourir et réinsérer les femmes victimes de la prostitution”. En cinq ans, a-t-elle expliqué lors d’un récent entretien à Katmandou, le travail accompli est loin d’avoir été négligeable, mais la tâche semble sans fin pour venir en aide aux femmes et les garder des dangers de la prostitution (1).

Rupa Rai a souligné que le premier travail de Caritas Népal avait été de tenter d’évaluer la situation. “Nous avons invité des femmes et des filles rescapées de ce trafic à venir nous rencontrer et nous avons présenté nos conclusions au ministère de la Condition féminine et de l’Aide sociale précise-t-elle. Aujourd’hui, tout en parcourant le pays pour sensibiliser et apprendre aux assistantes sociales comment aborder le problème, Rupa Rai distribue des affiches et des tracts rédigés en népali, en particulier un “kit d’information sur la traite des êtres humains distribué à des centaines d’étudiantes, d’infirmières, d’enseignants et de responsables divers. Plus d’une douzaine de pages en couleur qui sont autant de mises en garde contre les abus au sein des familles, sur les mauvais traitements, voire les tortures, endurés par les victimes de la traite des êtres humains, ainsi que sur les aspects politiques et économiques du trafic.

Rupa Rai a témoigné également de l’action menée auprès des réfugiées bhoutanaises, installées depuis 1990 dans les camps de la frontière orientale du pays. Avec l’aide du Service jésuite des réfugiés, elle a pu, après plusieurs tentatives infructueuses, pénétrer dans ces camps, au nombre de cinq, et faire passer l’information sur les dangers de ce trafic aux jeunes filles. Avec l’aide de Caritas Népal, le service jésuite participe à la scolarisation de 40 000 jeunes, dont la moitié sont des filles.

Sur les 75 districts que comprend le Népal, près de 25 bordent directement les 2 800 km. de frontière que le pays partage avec l’Inde. Les contacts entre les deux côtés de la frontière sont d’autant plus aisés que les Népalais et les Indiens n’ont pas besoin de visa ou de passeport pour passer dans l’autre pays. Les échanges commerciaux sont intenses et il est très difficile de chiffrer le nombre exact des femmes et d’enfants victimes du commerce du sexe, astreints à des travaux forcés ou à des tâches domestiques à peine rémunérées.

L’an dernier, Rupa Rai s’est rendue à Bombay (Mumbai), la capitale commerciale de l’Inde, et a rencontré les Népalaises des maisons de passe. “Le nombre des Népalaises emmenées de force hors du Népal chaque année est difficilement quantifiable. Les estimations les plus basses se situent entre 5 000 et 7 000. Quant à l’ensemble des filles népalaises enrôlées dans l’industrie du sexe en Inde, les chiffres varient entre 200 000 et 400 000. Il ne s’agit que d’estimations explique-t-elle.

Outre le travail de terrain, Caritas Népal diffuse également un programme radiophonique hebdomadaire sur la traite des femmes. D’une durée de quinze minutes, ce programme est retransmis dans tout le pays par la station de radio gouvernementale. Diffusé en ondes courtes et en ondes moyennes, il est produit en différentes langues, afin de toucher le maximum de population. “Nous alternons pièces de théâtre, interviews, chansons et histoires émouvantes de femmes enlevées de force, précise Madav Ghimire, de Radio Nepal. Nous recevons des centaines de lettres d’auditrices de districts très éloignés, quelquefois analphabètes qui essaient de communiquer avec nous par de simples dessins tracés sur du papier.”

Teresita D’Suselo, secrétaire générale de l’Association asiatique pour le développement de l’être humain, une association catholique partenaire de Caritas Népal, témoigne de l’action des programmes mis en place : “Nous sommes allés rencontrer et tester les connaissances des étudiantes sur les campus et dans les écoles qui ont accepté nos programmes de sensibilisation. Nous avons été impressionnées par le travail accompli au Népal par Caritas et, surtout, nous voulons nous en inspirer.”