Eglises d'Asie

Le Premier ministre promet de sanctionner les membres du Parti et les cadres dont les familles dépasseraient le nombre prescrit de deux enfants

Publié le 18/03/2010




Depuis le début de ce troisième millénaire au Vietnam, la croissance démographique s’emballe. Jusque là, les autorités s’étaient employées à la freiner avec en certain succès en mettant en ouvre un très sévère contrôle des naissances, interdisant en particulier aux familles la naissance d’un troisième enfant sous peine de lourdes sanctions. Mais, cette fois-ci, les méthodes existantes semblent insuffisantes à enrayer la nouvelle tendance. Ce sont les familles des classes les plus “évoluées c’est-à-dire les plus proches du pouvoir, qui violent le règlement existant en mettant au monde un troisième ou quatrième enfant. A tel point que le Premier ministre Phan Van Khai a dû s’engager lui-même dans la bataille en promettant de sanctionner sévèrement les cadres et les fonctionnaires ayant plus de deux enfants.

L’intervention du Premier ministre a eu lieu au cours d’un meeting qui s’est tenu à Hanoi, le 26 mai dernier, sur le thème de “l’ouvre à accomplir en matière démographique et familiale”. Elle a été rapportée par l’organe de presse des syndicats vietnamiens, Nguoi Lao Dông (‘Le travailleur’), du 26 mai 2005. Le chef du gouvernement y propose en particulier de prendre les principes du contrôle de naissance, en particulier la règle de la famille de deux enfants au plus, comme critère d’appréciation, collectif et individuel. Il a précisé que, sur les listes de propositions pour une promotion, seront éliminés les individus dont les familles dépassent le nombre de deux enfants. Cette règle s’appliquera également aux unités où l’on trouve de telles familles. A cette même occasion, le Premier ministre a critiqué vertement l’augmentation du taux de natalité comme le fruit du relâchement et d’une mauvaise compréhension de l’Ordonnance sur la Population (1).

Le 22 mars 2005, le Bureau politique avait déjà publié à ce sujet une résolution intitulée : “Continuer à donner une forte impulsion à l’application de la politique démographique et au planning familial”. Il y était précisé que, dans les provinces, “nombreux étaient les membres du Parti, les cadres de haut niveau qui violaient l’impératif démographique du Vietnam en ayant un troisième enfant ou encore davantage Cette constatation du Bureau politique était confirmée à la même époque par un rapport du Comité de la population (2), qui affirmait que la proportion de couples ayant trois enfants et plus était en augmentation chez les membres du Parti et les fonctionnaires ainsi que dans la population. Ce même Comité ajoutait que l’utilisation des méthodes contraceptives avait connu une période de baisse brutale au cours de l’année 2003. Si la propagande pour le planning familial n’était pas intensifiée, le Vietnam devrait faire face à une croissance démographique exceptionnelle.

Dans les années récentes, la politique volontariste gouvernementale, en matière de contrôle de naissances avait permis de réaliser un net ralentissement de la croissance démographique. Au cours des dix années (1994-2003), le taux annuel de croissance de la population aurait été ramené à 1,2 %, alors qu’il était encore de 2 % durant la précédente décennie. En ce qui concerne le nombre d’enfants par famille, qui, selon les directives du planning familial, ne devrait pas dépasser deux, il était passé de 3,1 en 1994 à 2,1 aux alentours de l’an 2000. Une évolution avait donc était constatée dans l’augmentation annuelle de la population (aujourd’hui 80 millions) : elle était d’un million et demi au cours de la décennie précédente et se situait aux environs de 1,1 – 1,2 million dans les premières années du second millénaire. C’est à cette époque que la tendance aujourd’hui constatée a commencé à se produire.