Eglises d'Asie – Corée du sud
Les maisons d’édition catholiques s’inquiètent de la diminution du nombre de leurs lecteurs
Publié le 18/03/2010
Andrew Kim Soo-tae, professeur à l’université nationale de Chungnam, dans sa conférence inaugurale, a rappelé que les livres avaient beaucoup contribué au développement de l’Eglise catholique en Corée. « Ils ont joué un rôle important dans l’adoption volontaire du catholicisme en Corée, sans l’intervention des missionnaires a-t-il déclaré. Les livres catholiques ont été les seuls outils du développement de la foi, avant que les missionnaires n’arrivent, a expliqué ce professeur d’histoire. Au XVIIe siècle, des intellectuels coréens avaient pu lire des livres catholiques en chinois. Parmi eux, le De Deo Verax Desputatio (‘Véritable exposé sur Dieu’) du jésuite Matteo Ricci était le plus lu. C’est ainsi que les gens s’intéressèrent au catholicisme et qu’ils l’introduisirent en Corée. Pourtant, malgré l’importance des publications catholiques dans le travail d’évangélisation, l’édition catholique coréenne contemporaine traverse une « crise » profonde due à la faiblesse financière des éditeurs et à une certaine indifférence parmi les catholiques, a encore expliqué Andrew Kim.
Selon Andrew Park Young-ho, journaliste au Catholic Times, la désaffection des catholiques pour la lecture a beaucoup à voir avec l’essor des médias numériques. « Pour leurs loisirs, les gens se tournent vers la télévision et Internet. Ils ne pensent pas aux livres. L’attrait pour les médias audiovisuels diminue d’autant l’intérêt pour la lecture a-t-il analysé. A la lumière de ce changement rapide de l’environnement médiatique, l’imprimé doit tendre à collaborer avec le numérique, a-t-il recommandé, « la numérisation est le nouveau procédé auquel les publications doivent savoir s’adapter. » Cela ne signifie pas que le livre doive être abandonné, a-t-il ajouté, mais il doit devenir « la source où vient s’abreuve le numérique ».
Francis Lee Jong-bum, chercheur au service de la Conférence épiscopale, a rappelé que le but des publications chrétiennes était de diffuser la parole de Dieu et d’évangéliser la société, contrairement à celui, mercantile, des éditions profanes. « Les éditions catholiques sont structurellement limitées, y compris dans leur financement et le nombre de leurs lecteurs. Pourtant, elles doivent continuer leur mission d’évangélisation a-t-il insisté.
Le P. Joseph Lee Gie-yang, prêtre de paroisse à Séoul, a rappelé que « de bons livres pouvaient nous aider dans notre vie spirituelle en ces temps d’incrédulité et de sécularisation et nous ouvrir un chemin à la rencontre de Dieu ». Depuis novembre 2003, le P. Lee Gie-yang, dans sa paroisse de Chamshil, anime une campagne de conscientisation en faveur du livre religieux. Au départ, il recommandait un livre par semaine à ses paroissiens, livre sélectionné par un comité paroissial de lecture et présenté sur le site Web de la paroisse. La campagne « Un livre par semaine » s’est élargie et le prêtre en est arrivé à recommander cent livres de spiritualité par année. Au début de janvier, la paroisse de Chamshil et l’hebdomadaire Catholic Times ont lancé ensemble une campagne semblable mais à l’échelon national. Dans le même mouvement, six maisons d’édition catholiques ont organisé un « Salon du livre » au Centre catholique de Séoul, du 7 au 10 mai dernier, à l’occasion de la Journée mondiale des communications.