Eglises d'Asie

Venus du Japon, de Taiwan et de Corée du Sud, des responsables de la formation des séminaristes échangent leurs vues sur les difficultés à susciter des vocations sacerdotales

Publié le 18/03/2010




Cette année marque le 150e anniversaire de la fondation du premier séminaire pour prêtres de l’Eglise catholique en Corée. A cette occasion, différentes manifestations ont été organisées en Corée du Sud et l’une d’elles a réuni, du 18 au 20 mai derniers, des responsables des grands séminaires du Japon, de Taiwan et de Corée du Sud. Les échanges ont porté sur les difficultés posées aujourd’hui par la formation des futurs prêtres et aussi sur le déclin du nombre des vocations. La rencontre a eu lieu à l’Université catholique de Corée, dont l’origine est la fondation, en 1855, du Séminaire Saint-Joseph.

Aux quelque 350 délégués, Mgr Choi Chang-mou, archevêque de Kwangju, a cité l’exemple des premières communautés catholiques de Corée pour dire l’importance de l’inculturation et de la formation des formateurs. Il a donc retracé l’histoire bien connue des origines de la présence catholique en Corée, lorsqu’un groupe de lettrés confucéens se réunit, en 1779, dans un temple bouddhiste de Chongjinam pour étudier puis vivre la doctrine chrétienne. Dans ce temple, aujourd’hui situé sur le territoire du diocèse de Suwon, ces lettrés étudièrent la doctrine et les rites chrétiens à partir de livres ramenés de Chine, pour vivre ensuite leur nouvelle foi dans un contexte entièrement coréen, a rappelé l’évêque. “Si nous reconsidérons la philosophie et la théologie occidentales, la Bible et la tradition de l’Eglise à la lumière de la pensée et de la tradition coréennes, l’enseignement de la théologie peut entrer dans une nouvelle ère en Corée a dit Mgr Choi, qui, après avoir enseigné durant vingt-cinq ans dans des grands séminaires, assume aujourd’hui la présidence de la Conférence des évêques de Corée.

Concrètement, Mgr Choi a insisté pour que “les échanges universitaires entre professeurs des différents séminaires se développent, afin d’enrichir la formation dispensée aux futurs prêtres”. A l’attention des 120 professeurs des sept grands séminaires de Corée – où étudient 1 357 séminaristes -, l’évêque a déclaré : “Nous devons former les formateurs à prendre modèle sur Jésus-Christ.” Ses propos rejoignaient ceux du P. John Baptist Lee Ke-mien, recteur du Séminaire régional de Taiwan. Lors de sa présentation à l’Université catholique de Corée, le P. Lee a rappelé comment Jésus avait pris soin de choisir ses apôtres, de vivre avec eux pour les aimer et les former avec patience. De cette façon, a expliqué le prêtre taiwanais, Jésus a permis à ses apôtres de développer des dispositions à la fois fortes et généreuses pour annoncer la Bonne Nouvelle.

Mgr Joseph Takami Mitsuyaki, archevêque de Nagasaki, avait, quant à lui, axé sa présentation sur les défis posés par le déclin du nombre des vocations. Deux raisons – parmi de nombreuses autres – expliquent ce déclin, a-t-il expliqué : la chute de la natalité et l’affaiblissement de la foi des fidèles. Avec un taux de fécondité à 1,28 enfant par femme en âge de procréer pour l’année 2004, les entrées au séminaire n’en finissent pas de chuter : on comptait un total de 356 séminaristes en 1995 et seulement 159 en 2003. A ce niveau, a-t-il poursuivi, il devient difficile de maintenir des équipes qualifiées d’enseignants. Dans les deux grands séminaires du pays, au Séminaire de Tokyo et au Séminaire St-Sulpice à Fukuoka, “une manière de faire face est de prévoir des échanges annuels et des partages d’information et d’expériences sur la formation des prêtres”.

A Taiwan, selon le P. Lee, le déclin du nombre des entrées au séminaire s’explique par d’autres facteurs que celui de la natalité. “Du fait de l’attention extrême portée, à Taiwan et dans le reste du monde, à l’évangélisation de la Chine (populaire), le développement des vocations locales (à Taiwan) a été délaissé a-t-il expliqué. S’ajoute à cela une difficulté du fait de la différence d’âges entre les prêtres. La plupart des prêtres à Taiwan ont dans les 70 ans ou plus et de jeunes prêtres, inexpérimentés, sont appelés à leur succéder. Dans le contexte culturel taiwanais, cela empêche en partie les jeunes prêtres d’accomplir au mieux leur mission, a ajouté le P. Lee.

Le grand séminaire de Séoul a son origine dans la petite structure montée par le P. Joseph-Ambroise Maistre, prêtre des Missions Etrangères de Paris, en 1855. Parti avec six séminaristes coréens, le missionnaire français s’était installé à Baeron, à 120 km. au sud-est de Séoul, dans l’actuelle province de Chungcheongbuk, dans un petit village reculé, afin d’échapper aux persécutions dont étaient alors victimes les chrétiens. Fusionné depuis avec l’Université catholique de médecine puis l’Université féminine Songsim, le séminaire est devenu, en 1995, le Collège de théologie de l’Université catholique de Corée. Ce 25 mai 2005, une messe a été officiellement célébrée pour marquer son 150e anniversaire et les célébrations s’échelonneront jusqu’en décembre prochain.