Eglises d'Asie

Dans la lutte contre la pandémie de sida, le gouvernement de l’Etat d’Orissa demande la collaboration de toutes les religions

Publié le 18/03/2010




En Orissa, le gouvernement local demande l’aide de tous les responsables des religions présentes dans l’Etat pour tenter de contrôler la propagation du sida. Le 13 juin dernier, Mayadhar Panigraphi, directeur de la Société de contrôle du sida de l’Etat d’Orissa, a envoyé une lettre à tous ces responsables religieux pour leur demander leur “bénédiction” pour les programmes mis sur pied afin d’enseigner à la population les modes de propagation du virus et les divers moyens existant pour prévenir sa diffusion. “Si nos responsables religieux conseillent les gens quant au danger que constitue le sida, l’impact sera considérable a-t-il assuré, rappelant que son travail était placé sous la tutelle du ministère de la Santé et de la Famille.

Selon les chiffres officiels, le taux de prévalence du sida en Orissa est assez bas, mais, avertit Mayadhar Panigraphi, la situation pourrait changer rapidement car les Etats voisins, l’Andhra Pradesh et le Bengale-Occidental, sont fortement touchés et beaucoup de gens de l’Orissa vont dans ces Etats pour y travailler comme journaliers. La cause principale de la propagation du sida en Orissa tient à cette migration ouvrière et au tourisme, souligne Mayadhar Panigraphi, qui ajoute que l’organisation dont il a la responsabilité ne peut lutter seule contre le danger que représente le sida. “C’est pourquoi nous avons besoin de la coopération de tous, spécialement de tous les responsables religieux de l’Orissa a-t-il expliqué.

Dans les milieux non gouvernementaux impliqués dans la lutte contre le sida, on doute de la réalité des chiffres présentés par les autorités. A la fin mars 2005, l’Etat ne compterait ainsi que 1 886 personnes infectées par le virus meurtrier. Pour Mili Mahanty, responsable de l’organisation catholique américaine, Catholic Relief Services (CRS), à Bhubaneswar, la capitale de l’Etat, le nombre des séropositifs est “beaucoup plus élevé” que ce qu’annonce le gouvernement local.

Quoi qu’il en soit de la réalité de la pandémie, les responsables religieux ont répondu favorablement à l’appel à l’aide des autorités, y compris les responsables chrétiens dans un Etat où les violences contre la minorité chrétienne sont quasi-récurrentes (1). Mgr Raphael Cheenath, archevêque catholique de Cuttack-Bhubaneswar, a qualifié cette demande de collaboration d’“idée novatrice L’évêque protestant de Cuttack, Mgr Reuben Senapati, de l’Eglise du Nord de l’Inde, a lui aussi promis son concours. Swami Agnivesh, de la Mission Ramakrishna, une secte hindoue réformiste, envisage cette collaboration comme une “chance rare” pour l’ensemble des religions de travailler ensemble en dépassant leurs différends. Un notable musulman, Sahid Abdul Khan, s’est dit impatient de se joindre à ce projet tandis qu’Anand S. Prabhat, un bouddhiste, disait prévoir des résultats “phénoménaux à cet engagement des responsables religieux pour une si noble cause”. Un responsable sikh, Pratap Kumar Singh, a déclaré de son côté que les responsables religieux étaient certainement capables de persuader leurs fidèles de lutter pour limiter la contagion et se protéger eux-mêmes.

Le gouvernement a proposé la tenue d’une table ronde interconfessionnelle et un congrès des responsables religieux, sous la présidence de Swami Agnivesh, les 17 et 18 septembre à Puri, un centre de pèlerinage hindou très connu en Orissa. Mayadhar Panigraphi a demandé aux responsables religieux de s’assurer qu’un nombre le plus important possible de leurs fidèles y participe. Aucun détail n’a été donné quant aux méthodes promues par les autorités pour enrayer la propagation de la pandémie.

Le P. Richard Vaz, directeur du bureau de Caritas India en Orissa, implanté à Bhubaneswar, a rappelé que la Caritas locale et le CRS, en collaboration avec les diocèse d’Orissa, allaient ouvrir à la fin de cette année, dans le diocèse de Balasore, une maison pour sidéens.