Eglises d'Asie

Le ministère des Affaires religieuses est au centre d’un scandale de détournement de fonds, concernant l’argent du hadj, le pèlerinage sur les lieux saints de l’islam

Publié le 18/03/2010




Le 21 juin dernier, après plusieurs jours d’investigation préalable, la justice a officiellement ouvert une enquête concernant un ancien ministre des Affaires religieuses, Said Agil Hussein Al-Munawar, en poste sous la présidence Megawati Sukarnoputri de 2001 à 2004. Les enquêteurs suspectent l’ex-ministre d’avoir détourné d’importantes sommes d’argent à partir des fonds déposés par les pèlerins se rendant sur les lieux saints de l’islam, en Arabie Saoudite. Le premier interrogatoire du ministre a duré huit heures et le bureau du procureur a indiqué que la fraude impliquait plus d’une trentaine de responsables de ce ministère, Said Agil Hussein Al-Munawar étant tenu pour responsable des malversations commises sous son autorité.

“Après avoir interrogé les témoins, nous avons conclu que (l’ex-ministre) était impliqué dans l’affaire a indiqué à l’AFP un porte-parole du procureur (1). La police a gelé les comptes bancaires du ministère des Affaires religieuses, contenant 684 milliards de roupies (57 millions d’euros), sur lesquels les auditeurs ont décelé des irrégularités.

Les critiques à l’encontre du ministère des Affaires religieuses, qui détient le monopole sur l’organisation des pèlerinages à La Mecque, ne datent pas d’aujourd’hui. Depuis des années, voire des décennies, des soupçons de corruption pèsent sur ce ministère par qui doivent passer les quelque 200 000 musulmans indonésiens qui se rendent en Arabie Saoudite chaque année pour accomplir le hadj, un des cinq piliers de l’islam.

Les principales critiques concernent le système imposé de dépôt du coût total du pèlerinage (environ 25 millions de roupies, soit 2 150 euros) de un à deux ans avant le voyage en Arabie Saoudite. Par ailleurs, diverses charges sont facturées aux pèlerins sans que des explications précises soient données quant à leur bien-fondé. Enfin, les pèlerins se plaignent que la qualité des prestations fournies en Arabie Saoudite est inférieure que celle proposée aux pèlerins venus, par exemple, de Malaisie, et cela malgré que les pèlerins indonésiens doivent débourser une somme plus importante que leurs frères de Malaisie.

Dans un pays où les affaires de corruption sont devenues quasi-quotidiennes ces derniers temps et où le président de la République a promis un assainissement de la fonction publique, ce nouveau scandale a fait la ‘Une’ de la presse.