Eglises d'Asie

Le réseau des Caritas se dit satisfait de la réponse apportée après le catastrophique tsunami du 26 décembre 2004, mais estime que beaucoup reste à faire

Publié le 18/03/2010




“Six mois après le tsunami, nous pouvons être fiers de ce qui a été fait a déclaré Duncan MacLaren, secrétaire général de Caritas Internationalis, l’organisation fédérant les 162 Caritas existant de par le monde. Duncan MacLaren s’exprimait ainsi à l’issue d’une réunion tenue à Bangkok, du 14 au 16 juin dernier, pour dresser un bilan de l’action accomplie depuis le tsunami du 26 décembre 2004. Si les délégués d’une cinquantaine de Caritas, membres de Caritas Internationalis et de Caritas Asia, ont convenu de l’importance de l’ouvre déjà réalisée, ils ont aussi dressé un tableau des manquements constatés et de tout ce qu’il reste encore à faire.

Duncan MacLaren a rappelé que la mobilisation pour faire face aux conséquences de la catastrophe avait été la plus importante jamais mise en ouvre par le réseau Caritas. Trente-trois millions de dollars ont été alloués au Sri Lanka, 55 millions à l’Inde et 25 millions à l’Indonésie. Des montants qui ne sont pas définitifs et qui sont appelés à augmenter dans les années à venir.

Pour le directeur de Caritas India, le P. John Noronha, la première phase de l’aide – les secours d’urgence – est désormais terminée et la reconstruction des habitations est bien engagée. Cette phase se passe d’autant mieux que les rapports avec les autorités locales sont bons – ce qui est généralement le cas, a souligné le prêtre. A Pondichéry, a-t-il témoigné, “nous aidons les pécheurs de manière à ce que leurs conditions de vie soient améliorées par rapport à l’avant-tsunami”. Dix mille filets de pêche et 2 300 embarcations ont été réparés ou remplacés. Le P. Noronha a aussi évoqué “la pression mise pour dépenser l’argent rapidement certains donateurs étant pressés d’obtenir des comptes.

Au Sri Lanka, le P. Damian Fernando a fait part du travail engagé par la Caritas avec des experts pour planifier le plus efficacement possible le travail de reconstruction. Les difficultés sont principalement de deux ordres : d’une part, le gouvernement peine à trouver un accord avec la rébellion tamoule pour fixer les règles de la distribution des subsides (1) ; et, d’autre part, il devient de plus en plus difficile de trouver des terrains disponibles près des plages pour construire des habitations ou des abris pour les pécheurs et leurs familles. La principale raison à cela est la floraison d’hôtels sur le front de mer qui, tous, cherchent à étendre leur emprise sur des terrains occupés avant le tsunami par les pécheurs.

Un délégué de Thaïlande, le P. Pibul Visitnontachai, a partagé le même souci que le P. Fernando. Les droits de propriété des pécheurs sont souvent bafoués et “pour l’Eglise ici, il est temps de passer d’un souci pastoral à une action sociale”. Le P. Pibul Visitnontachai dirige le Catholic Office for Emergency Relief and Refugees, la dénomination locale de Caritas-Thaïlande.

En Indonésie, en l’absence d’une structure du type Caritas, Duncan MacLaren a expliqué que l’aide du réseau Caritas passait via l’archidiocèse de Medan, à Sumatra. Là aussi, un important travail de reconstruction des habitations est en cours de réalisation.

Au-delà de ce bilan positif, les erreurs commises ont été analysées. La déléguée de Caritas-Suède a ainsi rappelé que les Caritas européennes avaient dû rappeler les premières équipes envoyées dans l’urgence sur place, ces équipes manquant de connaissance quant aux cultures et aux Eglises rencontrées dans les zones dévastées par le tsunami. Par ailleurs, l’importance – inédite – des fonds collectés oblige à une réflexion sur l’usage qui doit en être fait. Selon Martin Salm, de la Caritas allemande, si les projets financés aboutissent à un véritable développement local, alors les donateurs continueront à faire confiance et cela sera “une chance pour revitaliser l’aide au développement”. Dans le cas contraire, “la menace sera mortelle”.

Parallèlement à ces considérations d’ordre général, le délégué de Caritas-Mongolie a fait remarquer que les dons à destination des régions autres que celles touchées par le tsunami faiblissaient, victimes sans doute du réallocation de la générosité des bienfaiteurs vers les zones qui ont “bénéficié” d’une couverture médiatique intense.

Enfin, présent en tant qu’observateur à la rencontre, le P. John Baptist Zhang Shijiang, de l’organisation caritative catholique Beifang Jinde, en Chine populaire, a été chaleureusement remercié pour les 10 000 dollars envoyés au profit des enfants devenus orphelins du fait du tsunami en Inde. C’était la première fois qu’une organisation de l’Eglise catholique en Chine venait en aide à un pays étranger.