Eglises d'Asie

Au Gujarat, des millions de personnes ont été victimes d’inondations et plusieurs églises ont été submergées

Publié le 18/03/2010




Dans l’Etat du Gujarat, de récentes inondations ont tué 135 personnes et affecté 25 millions d’habitants. Plusieurs églises et institutions chrétiennes, dont une imprimerie, ont été sous les eaux après que, le 23 juin dernier et les jours suivants, des pluies torrentielles se soient abattues sur la région. Les autorités locales ont estimé les dégâts à près de 50 milliards de roupies (environ 92 millions d’euros). Près de 250 000 personnes ont dû être évacuées, les services météorologiques annonçant de nouvelles pluies.

Une majorité des chrétiens du Gujarat vivent dans les districts d’Anand, de Kheda et de Vadodara, qui sont aussi les districts les plus affectés par ces inondations. De nombreuses usines ont été fermées. A Surat, un centre important de l’industrie textile et où se trouvent de nombreux ateliers de polissage de diamants, la montée des eaux a mis au chômage technique des milliers d’employés. Plusieurs écoles catholiques ont été transformées en camps de réfugiés. L’école Rozary, à Vadadora, héberge 2 000 personnes. “Nous faisons ce que nous pouvons. Notre service d’aide sociale se tient en alerte et veille sur l’hébergement des réfugiés et l’état sanitaire de gens a expliqué Mgr Godfrey de Rozario, évêque de Baroda, qui précise que le sous-sol de son évêché a été complètement inondé. La Caritas locale, les divers services d’entraide catholiques et l’agence d’entraide des évêques des Etats-Unis ont dépêché une délégation pour évaluer les besoins de la population.

Un catholique, Robert Rathod, raconte avoir fui son village submergé à la nage. “Nous sommes partis dès que les eaux ont commencé à monter. Nous n’avons même pas eu le temps de sauver le bétail ou nos effets personnels témoigne-t-il depuis la maison de son frère, à Anand. Dans cette localité, l’imprimerie catholique a été inondée sous un mètre d’eau. Les pertes se montent à des centaines de milliers de roupies, constate son directeur, le Frère jésuite, S. Abril, depuis son bureau inondé. Le P. Mathew, prêtre du diocèse, rapporte que des centaines de villages autour d’Anand ont été submergés et que les gens n’ont rien à boire ni à manger.

Selon Mgr Thomas Macwan, évêque d’Ahmedabad, l’effet dévastateur de ces inondations a été amplifié par l’autoroute surélevée, construite il y a peu. “C’est une catastrophe produite par la main de l’homme indique-t-il, expliquant que la moitié de la ville d’Ahmedabad s’est trouvée sous l’eau pendant quatre jours. L’autoroute, un des plus prestigieux projets autoroutiers du pays, relie Ahmedabad à Vadodara. “Cette voie expresse est construite de façon surélevée, sur une digue qui arrête l’écoulement naturel de l’eau précise l’évêque. Plusieurs tronçons se sont effondrés sous la poussée de l’eau et les flots ont submergé toute une fraction de l’Etat, prenant les autorités au dépourvu. Pour Mgr Mcwan, le Gujarat, un des Etats de l’Inde à la croissance la plus soutenue, fait l’expérience “d’une surchauffe du développement économique” et les inondations en sont les premiers signes. “Je suis né et j’ai grandi dans cette région et c’est la première fois que je vois les pluies provoquer des inondations dit-il au téléphone. Tandis qu’il parle au bout du fil, on entend son chauffeur demander à un passant s’il peut passer par cette route inondée pour atteindre le prochain village.