Eglises d'Asie

Les évêques catholiques sud-coréens appellent à un changement de mentalité dans les rapports que les Sud-Coréens entretiennent avec les Nord-Coréens

Publié le 18/03/2010




“Les relations entre la Corée du Sud et la Corée du Nord sont toujours immatures. Nous sommes toujours face à un mur de confrontation et nous ressentons insécurité et tension.” Tels sont les termes qu’a utilisés Mgr Lucas Kim Woon-hoe, évêque auxiliaire de Séoul et président du Comité épiscopal pour la réconciliation du peuple coréen, à l’occasion de la Journée de prière pour la réconciliation et l’unité du peuple coréen, célébrée cette année le 19 juin dernier. L’Eglise catholique de Corée du Sud organise cette journée tous les ans le dimanche précédant le 25 juin, jour-anniversaire du début de la guerre de Corée, qui a éclaté en 1950 et qui a duré trois ans, aboutissant en 1953 à la signature d’un simple armistice entre les parties belligérantes.

Cette année, la Journée de prière a revêtu une couleur particulière du fait qu’en 2005, on célèbre aussi le soixantième anniversaire de la libération du joug colonial japonais et le cinquième anniversaire du sommet historique qui vit se rencontrer, à Pyongyang, le leader nord-coréen, Kim Jong-il, et le président sud-coréen de l’époque, Kim Dae-jung. Ce sommet était le premier à réunir les dirigeants de deux pays depuis la division en deux de la péninsule coréenne, en 1945. C’est donc dans ce contexte que Mgr Lucas Kim a appelé à un changement de mentalité : “Aujourd’hui, il est temps de dépasser ensemble la culture de la guerre froide entre le Nord et le Sud et, au Sud, de passer d’une culture de la confrontation à une culture de la coexistence.” Pour l’évêque catholique, les Sud-Coréens doivent cesser de se critiquer les uns les autres pour les opinions différentes que les uns et les autres professent ; il est important “de tenter de créer un dialogue vrai pour donner de solides fondations au consensus”. Mgr Lucas Kim n’a pas précisé plus avant la réalité de ce consensus, mais a appelé les catholiques à prier pour la réconciliation et l’unité du peuple coréen. “Même si les temps pour une réunification ne sont pas encore mûrs, prions pour que, avec l’amour de Dieu, nous puissions être unis à nouveau, comme par le passé a-t-il déclaré, invitant tous les Sud-Coréens à ouvrer pour la paix et la justice.

Par ailleurs, le Conseil pour l’apostolat des laïcs de l’archidiocèse de Séoul a organisé, le 23 juin, une rencontre pour prier pour la liberté religieuse en Corée du Nord. Environ deux milles fidèles, principalement des membres de la Légion de Marie, s’étaient mobilisés. Mgr Nicholas Cheong Jin-suk, archevêque de Séoul, a présidé une messe, concélébrée par Mgr Lucas Kim, son auxiliaire, et les prêtres de l’archidiocèse nés sur le territoire de la Corée du Nord. Les martyrs morts lors de la guerre de Corée ont été tout particulièrement priés lors de cette messe, notamment Mgr Francis Hong Yong-ho, l’évêque de Pyongyang, arrêté en 1949 et disparu depuis, ou encore Mgr James Patrick Byrne, le premier délégué apostolique en Corée, arrêté lors de la prise de Pyongyang par les Nord-Coréens et mort en prison en 1950 (1).

La Journée de prière pour la réconciliation et l’unité du peuple coréen ainsi que le cinquième anniversaire du sommet de Pyongyang ont eu lieu tandis que le dialogue officiel entre les deux Corée a été relancé par la visite à Pyongyang, en juin dernier, du ministre sud-coréen de l’Unification, Chung Dong-young. A Séoul, le gouvernement sud-coréen a augmenté de manière conséquente son assistance économique au Nord (fourniture massive d’électricité mais aussi de pétrole et de denrées alimentaires, avec notamment la livraison de 500 000 tonnes de riz). Peu après, le 9 juillet, la Corée du Nord s’est déclarée prête à reprendre à la fin de ce mois les pourparlers à six (Chine, deux Corée, Etats-Unis, Japon et Russie), suspendus depuis un an. En octobre 2002, une crise avait été ouverte par la révélation d’un programme nucléaire clandestin nord-coréen. Depuis, diverses sessions de négociations entre les six pays n’ont pas abouti. En février dernier, la Corée du Nord a annoncé détenir l’arme atomique. La Corée du Nord et les Etats-Unis ne parviennent pas à définir les termes d’un accord conduisant Pyongyang à abandonner son programme nucléaire militaire et Washington à garantir le respect de sa souveraineté et de sa sécurité à l’Etat nord-coréen.