Eglises d'Asie – Corée du sud
Pour la première fois, l’université jésuite Sogang sera dirigée par un laïc
Publié le 18/03/2010
Lors de la conférence de presse qu’il a tenue le lendemain de son entrée en fonction, le nouveau président, âgé de 64 ans, a annoncé qu’il entendait se consacrer au développement de l’université pour en faire une institution de niveau international. « C’est un honneur pour moi de prendre la présidence de cette célèbre université jésuite a-t-il dit, ajoutant que c’était aussi une « très lourde responsabilité ». Sohn Byung-doo a expliqué qu’il userait de tout son savoir et de son expérience des affaires pour en faire une université compétitive et former des étudiants capables. Il a promis d’injecter 100 milliards de wons (78,5 millions d’euros) en quatre ans pour réaliser ses plans, expliquant qu’une université« prestigieuse » avait besoin de facultés de haut niveau, d’étudiants talentueux et d’un bon équipement. « Sogang sera plus compétitive en 2010 lorsqu’elle célébrera son cinquantième anniversaire a-t-il déclaré.
Sogang a été fondée en 1960, à Séoul, et, jusqu’à présent, sa présidence avait toujours été assumée par des prêtres jésuites. Cependant, avec la démission en février dernier du P. Peter Ryu Jang-son, à la suite d’un scandale lié à des irrégularités dans les tests d’admission commises par deux professeurs indélicats (2), le conseil d’administration a aboli la règle voulant que la présidence de l’institution soit confiée à un clerc et a opté pour le choix d’un laïc.
Sohn Byung-doo est né en 1941. Diplômé de l’université d’Etat de Séoul, il a obtenu un MBA aux Etats-Unis. Après dix années passées chez Samsung, il a été, de 1997 à 2003, vice-président de la Fédération des industries coréennes, l’organisme qui chapeaute l’ensemble des plus grandes entreprises nationales. Commentant sa récente nomination, Sohn Byung-doo a qualifié sa nouvelle mission « d’ultime accomplissement de [sa] vie promettant de se consacrer entièrement à restaurer le prestige de Sogang.
Pour le président de l’Association des enseignants de Sogang, Lim Sang-woo, la nomination d’un laïc à la tête de l’université a quelque chose de « positif ». Sohn Byung-doo étant issu du monde des affaires, a-t-il dit, « il faut y voir un appel de l’époque qui veut que les concepts de management soient introduits dans le monde de l’éducation supérieure ». Professeur d’histoire, Lim Sang-woo n’a toutefois pas manqué de recommander au nouveau président de « donner la priorité à l’excellence académique plutôt qu’à la recherche de financement ». Il a également fait remarquer que, si les professeurs n’étaient pas opposés à la nomination de Sohn Byung-doo, ils ressentaient le fait de ne pas avoir été consultés dans le choix du nouveau président. « La procédure choisie par le conseil d’administration de l’université n’était pas démocratique a précisé Lim Sang-woo. Déclarant n’appartenir à aucune religion, le professeur d’histoire a décrit le conseil comme plutôt « fermé puisque sept sur onze de ses membres sont jésuites. Comparant Sogang à un autre institut jésuite, l’université Georgetown aux Etats-Unis, qui ne compte au sein de son conseil d’administration que sept jésuites sur quarante-quatre membres, il émet le souhait que le conseil de Sogang puisse « être composé de personnalités venues d’horizons variés ».