Eglises d'Asie

Pour la première fois, l’université jésuite Sogang sera dirigée par un laïc

Publié le 18/03/2010




Pour la première fois, un laïc a été nommé à la tête de Sogang, la prestigieuse université jésuite de Corée du Sud (1). John Bosco Sohn Byung-doo, un catholique convaincu, issu du monde de l’entreprise, a inauguré le 27 juin dernier son mandat de quatre ans comme douzième président de Sogang. Le P. Luke Park Hong, directeur du conseil d’administration de l’université avait annoncé, le 24 juin, la nomination de Sohn, qui est aussi président du Conseil de l’apostolat des laïcs de Corée du Sud.

Lors de la conférence de presse qu’il a tenue le lendemain de son entrée en fonction, le nouveau président, âgé de 64 ans, a annoncé qu’il entendait se consacrer au développement de l’université pour en faire une institution de niveau international. “C’est un honneur pour moi de prendre la présidence de cette célèbre université jésuite a-t-il dit, ajoutant que c’était aussi une “très lourde responsabilité”. Sohn Byung-doo a expliqué qu’il userait de tout son savoir et de son expérience des affaires pour en faire une université compétitive et former des étudiants capables. Il a promis d’injecter 100 milliards de wons (78,5 millions d’euros) en quatre ans pour réaliser ses plans, expliquant qu’une université“prestigieuse” avait besoin de facultés de haut niveau, d’étudiants talentueux et d’un bon équipement. “Sogang sera plus compétitive en 2010 lorsqu’elle célébrera son cinquantième anniversaire a-t-il déclaré.

Sogang a été fondée en 1960, à Séoul, et, jusqu’à présent, sa présidence avait toujours été assumée par des prêtres jésuites. Cependant, avec la démission en février dernier du P. Peter Ryu Jang-son, à la suite d’un scandale lié à des irrégularités dans les tests d’admission commises par deux professeurs indélicats (2), le conseil d’administration a aboli la règle voulant que la présidence de l’institution soit confiée à un clerc et a opté pour le choix d’un laïc.

Sohn Byung-doo est né en 1941. Diplômé de l’université d’Etat de Séoul, il a obtenu un MBA aux Etats-Unis. Après dix années passées chez Samsung, il a été, de 1997 à 2003, vice-président de la Fédération des industries coréennes, l’organisme qui chapeaute l’ensemble des plus grandes entreprises nationales. Commentant sa récente nomination, Sohn Byung-doo a qualifié sa nouvelle mission “d’ultime accomplissement de [sa] vie promettant de se consacrer entièrement à restaurer le prestige de Sogang.

Pour le président de l’Association des enseignants de Sogang, Lim Sang-woo, la nomination d’un laïc à la tête de l’université a quelque chose de “positif”. Sohn Byung-doo étant issu du monde des affaires, a-t-il dit, “il faut y voir un appel de l’époque qui veut que les concepts de management soient introduits dans le monde de l’éducation supérieure”. Professeur d’histoire, Lim Sang-woo n’a toutefois pas manqué de recommander au nouveau président de “donner la priorité à l’excellence académique plutôt qu’à la recherche de financement”. Il a également fait remarquer que, si les professeurs n’étaient pas opposés à la nomination de Sohn Byung-doo, ils ressentaient le fait de ne pas avoir été consultés dans le choix du nouveau président. “La procédure choisie par le conseil d’administration de l’université n’était pas démocratique a précisé Lim Sang-woo. Déclarant n’appartenir à aucune religion, le professeur d’histoire a décrit le conseil comme plutôt “fermé puisque sept sur onze de ses membres sont jésuites. Comparant Sogang à un autre institut jésuite, l’université Georgetown aux Etats-Unis, qui ne compte au sein de son conseil d’administration que sept jésuites sur quarante-quatre membres, il émet le souhait que le conseil de Sogang puisse “être composé de personnalités venues d’horizons variés”.