Eglises d'Asie

De retour chez eux, les jeunes Asiatiques qui ont participé aux Journées mondiales de la jeunesse font part de l’expérience d’Eglise vécue à Cologne

Publié le 18/03/2010




Parmi les quelque 8 000 jeunes Asiatiques qui avaient fait le voyage jusqu’à Cologne pour prendre part aux Journées mondiales de la jeunesse organisées cet été en Allemagne (1), se trouvaient six jeunes Népalais. Accompagnés par un prêtre et une religieuse, une fois de retour chez eux, ils font part de la richesse de l’expérience vécue en Allemagne. Toutefois, partis à six, ils sont revenus à cinq, l’un d’eux, un jeune de 23 ans ayant fait défection et profité du voyage pour rester en Occident.

Pour l’ensemble de ces délégués népalais, le voyage en Allemagne était le premier voyage à l’étranger. Parmi les expériences fortes qui les ont marqués, Chandru Acharya, l’unique jeune femme du groupe, dit avoir trouvé “unique” le moment de la messe à Marienfeld, des jeunes autour d’elles priant et se réjouissant à haute voix, une attitude en fort contraste avec celle à laquelle elle est habituée, “les Népalais étant plutôt silencieux et méditatifs”. Selon elle, la messe célébrée par le pape Benoît XVI devant un million de jeunes “ne nécessitait pas de traduction : nous comprenions ses gestes et un sens d’unité prévalait”. Agée de 25 ans, la jeune femme dit ne pas avoir “entendu une seule manifestation d’émotion négative et ajoute qu’elle a seulement été surprise de ne pas croiser “un seul stand vendant des chapelets ou des objets de piété”. Lorsque les délégués népalais ont déposé leurs présents – de menus objets de l’artisanat local -, “nous nous sommes sentis comme les mages qui ont voyagé de si loin pour présenter des cadeaux à l’enfant Jésus raconte-t-elle encore, avant de partir pour l’est du Népal, où elle témoignera devant les membres de sa paroisse.

Pour Santlal Murmu, l’urgence est bien de repartir dans sa communauté chrétienne pour partager ce qu’il a vécu en Allemagne. Selon lui, la barrière de la langue était bien présente à Cologne, mais “le langage de l’amour et de l’unité” transcendait cette difficulté. Paras Bhujel, de Pokhara, dans le centre-ouest du pays, a quant à lui été frappé par la chaleur de l’accueil reçu dans les familles allemandes où il a séjourné. “Ils nous traitaient comme si nous étions une délégation de haut rang du Vatican témoigne-t-il, accaparé par le montage des films vidéo qu’il a ramenés de son séjour en Allemagne.

Selon Sour Karuna Mol Joseph, ce qui a touché les cours, c’est le partage de la foi entre des jeunes venus d’horizons absolument différents. Augustine Thakuri, de Katmandou, a ainsi été amené à témoigner devant une foule de sa vie de foi au sein d’un pays majoritairement hindou et ravagé par la guerre que se livrent maoïstes et troupes gouvernementales.

Quant au P. Martin Lakra, coordinateur à Katmandou de l’apostolat pour la jeunesse catholique, le voyage a été “une révélation” quant à la richesse de la jeunesse catholique. L’enthousiasme soulevé par la participation aux JMJ cache cependant mal la déception d’avoir vu un des six jeunes faire défection. Krishna Khanal, âgé de 23 ans, était président de la branche népalaise du Mouvement international des étudiants catholiques. Une fois arrivé en Allemagne, le P. Lakra avait rassemblé les passeports des six jeunes, pour les conserver avec lui. “Il a suffi que je m’éloigne pour prendre une douche et Khanal a pris son passeport dans mon sac. Peu après, il nous a quitté raconte le prêtre. Un tel incident ne pourra que rendre plus difficile l’obtention de visas pour l’Australie et les JMP de Sydney en 2008, se lamentent certains à Katmandou, soulignant que l’attente à l’ambassade d’Allemagne des visas pour Cologne a été longue. Des catholiques qualifiaient Krishna Khanal de “Judas tandis que le P. Lakra, qui le connaissait très bien, se souvient à la fois “des journées de torture mentale” vécues après la disparition du jeune homme, le 16 août, et du fait que sa famille, de religion hindoue, avait grandement besoin d’argent, après que des rebelles maoïstes l’eurent chassée du village où elle vivait.