Eglises d'Asie

Le principal responsable de l’Eglise mennonite au Vietnam, condamné à trois ans de prison en juin 2004, a été libéré après avoir purgé le tiers de sa peine

Publié le 18/03/2010




On a appris le 30 août dernier la libération du pasteur Nguyên Hông Quang, principal responsable de l’Eglise mennonite au Vietnam, exerçant la profession d’avocat. Il avait été arrêté le 8 juin 2004 pour avoir empêché un fonctionnaire d’accomplir ses fonctions. Selon un porte-parole du ministère des Affaires étrangères vietnamien, la libération du pasteur s’inscrit dans le cadre de l’amnistie accordée à l’occasion de la fête nationale à un peu plus de 10 000 prisonniers. Le 2 septembre est jour de fête nationale au Vietnam.

Libéré à quatre heures de l’après midi, et ayant à peine achevé de remplir les formalités obligatoires aux bureaux de la Sécurité de l’arrondissement et du district, il a été accueilli par ses fidèles venus très nombreux à sa rencontre. Le pasteur et avocat a expliqué aux auditeurs de l’émission vietnamienne de Radio Free Asia qu’il n’avait purgé qu’un peu plus d’un tiers de sa peine, qui était de trois ans, et qu’il bénéficiait de ce que le gouvernement appelait “sa politique humanitaire”. Il a confié que sa période de détention avait provoqué en lui une grande soif de liberté et qu’il avait l’intention de s’occuper davantage de sa famille que par le passé. Devant les traces de saccage, encore visibles, laissées par la dernière intervention policière à son domicile, il affirmé qu’il ne viendrait à bout des travaux de réparation qu’avec l’aide de Dieu. Ce saccage avait été causé par une intervention policière le 19 juillet dernier. Quelques jours plus tard, le 24 juillet un communiqué de presse de la communauté mennonite à Hô Chu Minh-Ville rapportait une autre intrusion de la police dans le lieu de culte mennonite, intrusion qui avait dispersé un certain nombre de fidèles rassemblés pour prier.

Le pasteur Quang avait été arrêté avec cinq autres membres de sa communauté, le 8 juin 2004, pour avoir contrecarré des fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions (1). Le 12 novembre 2004, le Tribunal populaire de Hô Chi Minh-Ville le condamnait à trois ans de prison. Les cinq autres membres de l’Eglise mennonite avaient été condamnés par le même tribunal et pour le même chef d’accusation à des peines allant de neuf mois à deux ans de prison (2). Quelque temps plus tard, trois des fidèles condamnés avaient été relâchés. Le pasteur Quang fit appel mais le tribunal de grande instance confirma la peine précédente.

Le motif allégué pour l’arrestation et la condamnation du pasteur, à savoir son opposition à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, semble se référer à une altercation ayant eu lieu le 2 mars 2004 à Hô Chi MinhVille entre des fidèles de l’Eglise mennonite et des membres de la police, qui, au nombre d’une centaine, avaient cerné le lieu de culte. Quelques fidèles avaient photographié la motocyclette d’un policier en civil posté près du lieu de culte, geste qui avait déclenché une bagarre.

Voilà déjà plusieurs années que le pasteur Nguyên Hông Quang s’est fait connaître grâce à ses interventions publiques en faveur de la liberté religieuse et des droits de l’homme. En tant que responsable de la communauté mennonite au Vietnam, il a réagi avec éclat aux persécutions et tracas subis par les fidèles de son Eglise, qui ne fait pas partie des communautés religieuses officiellement reconnues. Dès septembre 2001, grâce à une lettre de lui envoyée à l’étranger, on avait pris connaissance des premiers démêlés de la communauté mennonite et de son pasteur avec la police à propos d’une école pour pauvres qu’elle essayait de faire fonctionner (3). En juin 2003, en tant qu’avocat, le pasteur Quang s’était mêlé à la lutte d’une communauté protestante pour construire sa propre église dans le deuxième arrondissement de Hô Chi MinhVille, malgré l’interdiction et les interventions musclées de la police (4). A plusieurs reprises, il signalera dans ses lettres des persécutions subies au Vietnam par sa communauté, à Kontum et à Hô Chi MinhVille notamment (5). C’est lui que les neveux du P. Ly avaient choisi comme avocat pour leur procès, un choix qui n’avait pas été ratifié par les autorités.