Eglises d'Asie

Le parlement ayant rejeté les demandes de destitution déposées contre la présidente Arroyo, les évêques catholiques appellent les Philippins à s’atteler aux problèmes du pays tels la pauvreté

Publié le 18/03/2010




Dans le contexte de crise politique que vivent les Philippines depuis trois mois, le Comité permanent de la Conférence des évêques catholiques des Philippines a publié un communiqué le 13 septembre dernier. Dans ce texte, rédigé à l’issue de la réunion trimestrielle ordinaire du Comité, les évêques disent que ce qu’ils avaient dit le 10 juillet dernier est toujours valable et que leur opinion sur la crise actuelle n’a pas varié. Dans le document publié en juillet dernier à l’issue de l’assemblée plénière de la Conférence épiscopale et intitulé : “Restaurer la confiance : un appel pour les valeurs morales dans la vie politique des Philippines” (1), les évêques avaient choisi la prudence, en ne demandant pas la démission de la présidente Gloria Arroyo, gravement affaiblie politiquement par des soupçons de fraude électorale et de corruption liés à son entourage. Dans le communiqué du 13 septembre, les évêques redisent que la recherche de la vérité sur les malversations éventuellement commises par la présidence doit se faire dans le respect des procédures judiciaires et constitutionnelles ; ils réaffirment aussi qu’il est plus que temps de se pencher sur les problèmes auxquels la nation fait face, tels la pauvreté.

Pour l’épiscopat, dont les divisions sur l’attitude que l’Eglise doit adopter face à la crise politique traversée par le pays sont notoires, il est important de rappeler que la politique n’est pas l’affaire des seuls responsables de l’Eglise. “La scène politique est de la responsabilité des laïcs, en tant que catholiques baptisés écrivent les évêques membres du Comité permanent de l’épiscopat (2). Dans cette perspective, les catholiques philippins sont appelés à “intensifier leurs prières” et à ne pas “contribuer plus avant au développement de la pauvreté” en “s’impliquant de manière inadéquate dans des activités qui oppriment toujours plus les pauvres et divisent notre peuple”.

Dans le texte du Comité permanent de l’épiscopat, on peut lire : “Au vu de la situation prévalant dans notre pays aujourd’hui, qui menace l’intégrité de notre nation, nous avons estimé préférable d’affirmer que la recherche de la vérité doit se poursuivre et doit être guidée à la fois par les principes du droit tels qu’ils sont inscrit dans la Constitution et par les principes moraux de quête de la justice et du bien commun tels que nous les avons décrits dans notre Déclaration pastorale du 10 juillet 2005.” Le texte se poursuit par un appel à aller de l’avant : “Nous devons désormais nous tourner vers l’avenir et nous saisir du problème plus important et urgent qui est celui de l’effrayante pauvreté de notre peuple – une pauvreté qui, dans une proportion considérable, trouve sa cause dans une politisation excessive.” Au nom de notre responsabilité de pasteurs, écrivent encore les évêques du Comité permanent, nous lançons un appel pour que nos difficultés présentes soient abordées “avec sobriété et foi en un Dieu qui nous aime et se soucie de nous”.

Selon Mgr Fernando Capalla, archevêque de Davao et président de la Conférence épiscopale, le communiqué du 13 septembre est une “conséquence” du document du 10 juillet. Le communiqué vient rappeler les principes énoncés en juillet, quelques jours après le pic de “tension” provoqué par l’examen au parlement des demandes de destitution déposées contre la présidente Arroyo. Le 6 septembre en effet, au terme d’une session nocturne, 158 des 236 membres de la Chambre des représentants ont entériné la décision de la Commission de la justice de la chambre basse du parlement qui avait rejeté, le 31 août, trois motions de destitution. Par ce vote, le parlement philippin écartait les menaces de départ forcé qui pesaient depuis plusieurs semaines sur la présidente. L’opposition à Gloria Arroyo n’a cependant pas renoncé et a annoncé que des manifestations populaires seront organisées le 21 septembre prochain, jour-anniversaire de l’instauration de la loi martiale par Ferdinand Marcos. Le dictateur, qui avait décrété un régime d’exception en 1972, fut renversé à l’issue des manifestations pacifiques du “People Power” en 1986.