Eglises d'Asie

L’évêque de Can Tho s’adresse au secrétaire général du Parti communiste pour protester contre la confiscation d’une église du diocèse

Publié le 18/03/2010




Au mois de mai dernier, Catholicisme et Nation, l’organe de presse du Comité d’union du catholicisme, a publié une protestation de l’évêque de Can Tho, Mgr Lê Phong Thuan adressée aux principales autorités politiques et gouvernementales du Vietnam (1). Le responsable de ce diocèse du Sud-Vietnam qui recouvre quatre provinces et s’étend jusqu’à la pointe de Ca Mau, exprime dans sa plainte sa protestation qui est aussi celle de son clergé et du peuple chrétien au sujet de la décision récemment prise par le ministère de l’Edification concernant une église confisquée aux premiers temps du changement de régime, en 1975. La décision considère que les bâtiments ont été “offerts” par l’Eglise à l’Etat et que, désormais, elle fait partie des biens qu’il n’est pas question de restituer. En réponse, la lettre de l’évêque souligne que la décision est inacceptable et affirme que les chrétiens refusent cette décision.

L’objet de la plainte est l’église Notre-Dame de l’Assomption, située à Bac Liêu, importante ville, chef-lieu de la province du même nom. Ouverte aux fidèles en 1963, l’église a accueilli les activités religieuses des catholiques du lieu jusqu’au 27 juin 1975, date à laquelle était encore célébrée une cérémonie de première communion. Personne ne peut nier le caractère religieux de ce bâtiment, précise la lettre, qui ajoute que même l’administration locale l’appelle “église” dans le texte où elle la revendique comme propriété d’Etat. En 1963, l’église a été enregistrée par l’administration de l’époque comme propriété du diocèse de Can Tho, une propriété que l’évêque et les prêtres ne font que gérer et dont ils ne peuvent disposer à leur guise.

L’évêque de Can Tho proteste avec vigueur contre l’allégation du gouvernement selon laquelle, à l’époque, le P. Nguyên Van Nhi aurait, au nom du diocèse, cédé le bâtiment et le terrain de l’église au pouvoir révolutionnaire. Il est vrai, dit-la lettre, qu’après le mois d’avril 1975, le diocèse a transmis au nouveau pouvoir un certain nombre d’établissements d’éducation et d’action sociale, dont est énumérée la liste. L’église de l’Assomption n’en fait pas partie. Le P. Nguyen Van Nhi n’a pris à son sujet aucune décision. Il a simplement été invité par le Comité militaire de gestion (2), où on lui a signifié que l’église était prise en charge par les autorités et qu’il fallait transporter ailleurs la totalité de l’équipement. De plus, aucun document écrit ne témoigne de la cession volontaire de l’église aux autorités de l’époque par les responsables ecclésiastiques. La lettre s’appuie ensuite sur le premier texte législatif réglementant les activités religieuses, le décret 111/CP du 14 avril 1977, et montre que, si l’Etat a toujours garanti l’existence et le fonctionnement des lieux de culte, jamais il ne s’est donné le droit de les confisquer et de les utiliser à un autre usage que l’usage religieux.

En conclusion, la lettre affirme que la décision des autorités est une atteinte aux croyances spirituelles des fidèles : qu’une église, considérée par eux comme un lieu sacré soit confisquée sans aucune base légale et sans que l’on songe à sa restitution, voilà qui vient saper la confiance des fidèles en la politique religieuse du gouvernement. Car, affirme la lettre, c’est au nom de la politique religieuse proclamée par l’Etat que le diocèse de Can Tho fait entendre sa protestation contre la confiscation de l’église de l’Assomption de Bac Liêu.