Eglises d'Asie – Vietnam
Selon le P. Nguyên Van Ly, les religions doivent garder ouvert le dialogue avec le pouvoir mais ne peuvent continuer de subir la persécution sans protester
Publié le 18/03/2010
Cette lettre ouverte commence par un panorama de l’actualité religieuse et un rappel des principales persécutions subies récemment par diverses religions. L’auteur de la lettre évoque les troubles suscités par l’Etat dans les milieux du bouddhisme Hoa Hao, l’immolation par le feu de plusieurs religieux et fidèles de cette religion, le 5 août 2005, et les nombreuses arrestations qui ont suivi. Il mentionne également diverses violations de la liberté religieuse chez les protestants : des fidèles sommés de renier leur foi, des pasteurs emprisonnés ou enfermés, une église mennonite saccagée sur les Hauts Plateaux, les difficultés rencontrées par l’Eglise évangélique du Nord (1). Sont citées également les atteintes à la liberté de déplacement et de résidence commises à l’encontre de divers responsables du bouddhisme unifié. En dernier lieu, est évoqué le refus de l’Etat de restituer les biens confisqués à la Congrégation Saint Joseph de Nha Trang et les vives protestations des fidèles du lieu (2).
Tous ces faits, affirme l’auteur de la lettre ouverte, montrent que, malgré les déclarations et les directives officielles émanant même du Bureau politique, l’attitude l’Etat reste la même, avant comme après. Le gouvernement vietnamien subit la pression internationale et a même tracé de lui un portrait flatteur dans un Livre blanc sur les droits de l’homme publié le 18 août dernier. Mais ce n’est là que dissimulation. Le pouvoir considère que les religions doivent être sévèrement contrôlées et éliminées peu à peu conformément à la doctrine de Marx, de Lénine et de Hô Chi Minh. Ici, le P. Ly cite la phrase extraite des manuels scolaires sur le socialisme : « L’élimination de l’influence de la religion est une tâche prioritaire de la classe ouvrière. » La lettre rapporte encore le jugement porté sur la politique religieuse du gouvernement vietnamien par le président de la Conférence épiscopale du Vietnam lors d’une réunion de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC) en Corée du Sud en 2004 : « Bien que le texte de la Constitution du Vietnam garantisse la liberté religieuse, le pouvoir n’en continue pas moins de mettre en ouvre une politique étatique visant systématiquement à faire disparaître les religions sur tout le territoire du Vietnam. » Les religions doivent toujours garder une attitude ouverte au dialogue, préconise le prêtre dissident, mais elles ne peuvent se dissimuler la réalité et garder le silence, en courbant la tête et en attendant. Le prêtre dissident lance alors un appel aux religions et au peuple vietnamien : « Jusqu’à quand l’Etat pourra-t-il forcer les religions à attendre docilement comme un troupeau de brebis ? Combien de temps pourra-t-il défier des millions de croyants ? Il doit assumer devant l’histoire et devant le peuple, la responsabilité entière des nombreux crimes commis par lui contre les religions et le peuple pendant quarante-cinq ans. »
Le P. Ly achève sa lettre en assurant de sa communion d’esprit et de sa solidarité les diverses religions touchées par la persécution. Il passe de nouveau en revue les situations concrètes déjà évoquées au début et, pour chacune, renouvelle sa protestation. Une prière conclue la lettre. Elle appelle le Seigneur à éclairer les esprits des gouvernants sur la juste cause et sur le vrai bien du peuple vietnamien.