Eglises d'Asie

Au Kerala, des catholiques célèbrent eux aussi le festival de la moisson, fête agraire hindoue

Publié le 18/03/2010




Au Kerala, des catholiques prennent part au plus important festival de la moisson de tout le sud de l’Inde, en organisant le matin, à l’église, une messe d’action de grâce, et l’après-midi, du théâtre et des danses. Si les hindous se rendent en masse dans leurs temples faire des offrandes spéciales à l’occasion d’Onam, plusieurs paroisses du Kerala, elles aussi, célèbrent la fête, qui a été célébrée cette année le 15 septembre. Le festival est célébré un jour “faste” du premier mois du calendrier malayalam du Kerala, qui est déterminé selon des règles liées aux divinités hindoues. Pourtant, Onam, parce que festival intimement lié à la culture agraire du sud de l’Inde, n’est pas fêté seulement par les hindous, mais aussi par les fidèles d’autres religions.

Les hindous commencent leur célébration dix jours avant le début d’Onam, qui célèbre le roi mythique du Kerala, Mahabali. Sous son règne, la légende dit que le peuple jouissait de la prospérité et que régnaient la justice et l’honnêteté. Ce qui rendit les dieux jaloux, lesquels complotèrent avec Vishnu, un des trois dieux suprêmes de l’hindouisme, pour détrôner le roi. Vishnu prit alors la forme d’un nain et s’approcha du roi pour lui demander de la terre à cultiver. Il demanda autant de terre que pourraient couvrir trois de ses pas. Le roi accepta volontiers mais soudain, Vishnu se mit à grandir aux dimensions de la terre entière et couvrit l’univers de seulement deux de ses pas. Le roi Mahabali tint pourtant sa promesse et offrit sa tête pour le troisième pas. Vishnu repoussa de son pied le roi dans le monde terrestre inférieur, tout en accédant au dernier souhait formulé par le roi avant de s’enfoncer dans le monde inférieur – visiter son peuple et sa terre une fois par an. Aujourd’hui, prières le matin, somptueux repas végétarien à midi, théâtre et danses le soir célèbrent la visite annuelle de ce roi mythique.

Pour tous les peuples, mythologie et festivités ont un sens, a déclaré Mgr Maria Calist Soosa Pakiam, archevêque catholique de Trivandrum, en saluant les catholiques à l’occasion d’Onam. Trivandrum est l’ancien nom de Thiruvanathapuram, la capitale du Kerala. “Chacun rêve d’un monde idéal d’égalité et de prospérité. Pour les catholiques, la terre promise est le Royaume de Dieu a commenté l’archevêque. La fête nous parle d’un “pays idéal” qui aurait existé. “Nous chrétiens, tout au long de nos célébrations, nous nous souvenons qu’il s’agit d’un symbole a-t-il encore expliqué (1).

La paroisse de la Sainte Croix, à Muttada, qui compte 665 familles catholiques, a ainsi célébré le festival d’Onam. La messe festive a commencé par l’allumage de la lampe à huile traditionnelle par le prêtre. Les paroissiens avaient décoré l’autel avec des “nirapara”, les traditionnels paniers de bois remplis de riz, utilisés pour mesurer le riz et les autres céréales. Un tapis de fleurs accueillait les paroissiens à l’entrés de la cour de l’église. Quelque trois cents fidèles participaient à cette messe. “Nous célébrons Onam depuis cinq ans a expliqué le P. George Mathew. C’est le P. Paul Pazhangatt, le curé d’alors qui a commencé. “Une année, le P. Pazhangatt a accueilli ses paroissiens déguisés tel le roi mythique se souvient Joseph Devashayam, un des membres du conseil paroissial. Cette année, c’est un paroissien qui s’est déguisé en roi pour l’occasion. Après la messe, les paroissiennes ont donné une danse traditionnelle et ont distribué des “payasam des petits gâteaux de riz. “Cette célébration exprime notre unité et notre joie a souligné Lilly Rosario, secrétaire de la paroisse.

Dans le nord du Kerala, les paroissiens de Kannur, dans l’archidiocèse de Tellicherry, ont eux aussi organisé une fête culturelle avec concours de parterres de fleurs à Pottenpilavu. K.J. Antony, président du comité de l’environnement, qui avait prêté son appui, a expliqué que toutes les religions participaient aux célébrations d’Onam. Pour lui, ces célébrations relèvent de l’harmonie et de la coopération. “C’est une façon de montrer que le monde est un a-t-il affirmé.