Eglises d'Asie

Des responsables de différentes religions demandent au gouvernement d’assurer la liberté de culte et la sécurité des fidèles

Publié le 18/03/2010




Réunis à Malang, dans la province de Java-Est, des responsables des six religions officiellement reconnues par les autorités civiles ont demandé au gouvernement de prendre sans tarder toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des croyants et le respect de la liberté de culte, inscrite dans la Constitution. Ils ont aussi appelé chacune des religions à contrôler les extrémistes qui existent en leur sein. La réunion, qui s’est tenue le 17 septembre dernier sous la bannière du “Forum pour une véritable fraternité des responsables religieux de Java-Est avait été organisée par la GKJW (Gereja Kristen Jawa Wetan, Eglise chrétienne (protestante) de Java-Est), afin de discuter de la fermeture ces derniers mois de lieux de culte, principalement protestants, sous la pression d’organisations islamiques (1).

Dans l’attente de l’annonce par le gouvernement d’une révision du décret de 1969 régissant la construction des lieux de culte en Indonésie, la tension autour des lieux de culte fonctionnant sans autorisation officielle a continué ces dernières semaines en différents points du pays. Des partisans du Front des défenseurs de l’islam ont ainsi bloqué le chantier de construction d’une école protestante à Cikampek, à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Djakarta. En juillet 2004, ce chantier avait déjà été le théâtre d’une manifestation violente : des militants islamistes avaient été pris à partie par les musulmans locaux et l’un des manifestants était mort des blessures reçues lors d’une échauffourée. Cette fois-ci, le Front des défenseurs de l’islam assure que les musulmans locaux sont opposés à la construction de l’école car “l’école servira de vecteur pour le prosélytisme”.

Ce type de tensions n’a pas concerné que des lieux de culte ou des institutions animés par des protestants. Dans la province de Java-Ouest, à une centaine de kilomètres de la capitale, des manifestants s’en sont pris à une communauté d’Ahmadiyah, groupe issu de l’islam mais rejeté comme non-musulman par une grande partie des autorités musulmanes. Cet été encore, le Conseil indonésien des oulémas (MUI) a qualifié le groupe d’hérétique. Lors de l’incident qui s’est produit dans le district de Campaka le 20 septembre dernier, quatre mosquées fréquentées par des Ahmadiyah ont été gravement endommagées, ainsi qu’une trentaine de maisons et quatre pensionnats. Là encore, comme cela a été le cas lorsque des lieux de culte protestants ont été visés, les forces de police ont laissé faire, n’intervenant pas directement pour empêcher les extrémistes musulmans de passer à l’acte.

A Malang, les participants au Forum pour une véritable fraternité ont déploré l’inaction des forces de sécurité. “Les autorités doivent se montrer impartiales et assurer la protection de tous peut-on lire dans le communiqué rédigé à l’issue de la rencontre. Hasyim Muzadi, président de la Nahdlatul Ulama, la plus importante organisation musulmane de masse du pays, participait à la rencontre et a assuré les chrétiens que son organisation était prête à faciliter le dialogue entre les chrétiens et leurs voisins musulmans pour éviter de nouvelles fermetures d’églises.

Tous les responsables religieux réunis à Malang, catholiques, protestants, musulmans, bouddhistes, confucéens et hindous, ont redit leur attachement aux organisations interreligieuses. Ils ont rappelé que le Forum pour une vraie fraternité avait été fondé à Malang en 2002, que son équivalent à l’échelon de la province de Java-Est avait été créé un an plus tard et que le mouvement gagnait en crédibilité à mesure qu’il s’étendait. Ils ont cité par exemple la création, fin 2003, d’un Mouvement interreligieux des femmes et, en juin de cette année, d’un mouvement interreligieux pour les jeunes. Pour la pérennité de ces mouvements interreligieux, les responsables ont signé une déclaration commune par laquelle ils appellent chacune des religions à contrôler, au sein des communautés de croyants, les extrémistes qui y existent, “afin que tous les croyants de ce pays puissent participer et développer le dialogue interreligieux, à travers lequel la paix peut se concrétiser”.