Eglises d'Asie

Les réfugiés vietnamiens aux Philippines vont trouver une résidence définitive sur le territoire des Etats-Unis

Publié le 18/03/2010




C’est sans doute le dernier chapitre de la longue saga des boat people vietnamiens : lundi 26 septembre 2005, un premier groupe de 229 Vietnamiens, venant des Philippines où, depuis seize ans, ils vivaient sans avoir de statut précis, est arrivé à l’aéroport international de Los Angeles, aux Etats-Unis. “Voilà seize ans que nous attendions ce jour a confié l’un d’entre eux en posant le pied sur le sol américain. Ils ont été accueillis dans l’enthousiasme par leurs parents et amis, ainsi que par diverses associations caritatives comme la Caritas catholique. Après un séjour d’une nuit dans un hôtel de la ville, la plupart d’entre eux, à l’exception des quelques familles accueillies dans la région, ont continué leur voyage vers leur résidence définitive, dans vingt-trois Etats différents des Etats-Unis et à Porto Rico.

Il ne s’agit là que du premier groupe de l’ensemble des 1 690 Vietnamiens, anciens boat people vivant depuis seize ans sur le territoire des Philippines après s’être échappés du Vietnam sur des embarcations de fortune. La plupart d’entre eux vont trouver dans les mois qui suivent un établissement définitif aux Etats-Unis en vertu d’un accord conclu depuis déjà un an entre les Philippines et les Etats-Unis. Ceux-ci s’engageaient à leur donner un statut de résidents permanents légaux et de leur permettre d’acquérir la nationalité américaine dans les cinq ans à venir. Cependant, il a fallu attendre le 23 septembre dernier pour que l’Organisation internationale pour les migrations (IOM) annonce l’application prochaine des accords de l’année dernière. Selon le représentant aux Philippines de l’IOM, la quasi-totalité des réfugiés vietnamiens aux Philippines devrait avoir pris le chemin des Etats-Unis dans les quatre ou cinq mois à venir.

Dès les premières vagues de boat people, les Philippines ont constitué pour eux une destination privilégiée. Depuis 1975 jusqu’en 1996, près de 40 000 boat people vietnamiens sont venus chercher un asile provisoire aux Philippines. Les premiers étaient arrivés dans les mois qui ont suivi le changement de pouvoir au Sud-Vietnam. A partir de 1989 et de l’application du plan global d’action, la procédure du “screening” (tri) fut mis en place pour séparer les réfugiés jugés “authentiques” et pouvant espérer un accueil définitif dans un autre pays et les migrants dits « économiques destinés à être rapatriés. Beaucoup de pensionnaires des camps de Philippines refusèrent obstinément ce retour forcé au pays. Au mois de février 1996, ils étaient encore 2 500 demandeurs d’asile à résister au rapatriement, lorsque, après intervention de la Conférence épiscopale du pays, le gouvernement philippin renonça à la politique de rapatriement forcé (1). Le groupe encore sur place, d’environ 1 500 personnes, fut alors pris en charge par l’Eglise catholique des Philippines (2). Un des meilleurs soutiens des réfugiés vietnamiens à cette époque aura été la propre sour du président Fidel Ramos, Mme Leticia Shahani. Le 15 mai 1996, elle avait prononcé devant le Sénat un vigoureux plaidoyer en faveur des réfugiés vietnamiens (3).

Jusqu’aux derniers accords qui ont permis les départs actuels, de nombreux efforts ont été tentés par la communauté internationale, en particulier par la diaspora vietnamienne, pour sortir les Vietnamiens réfugiés à Manille de l’impasse où ils se trouvaient. Au cours des années écoulées, quelques centaines de réfugiés se sont vus proposer un asile définitif aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et tout récemment, en Norvège, où 98 réfugiés aux Philippines ayant de la parenté dans ce pays ont reçu un asile.