Eglises d'Asie – Philippines
Pour les opposants à la présidente Arroyo, le refus des évêques catholiques de soutenir leur cause est la raison de la faible mobilisation de leur mouvement
Publié le 18/03/2010
A Bacolod, les organisateurs de la manifestation du 21 septembre dénonçaient « la suppression de la vérité, de la justice et de la liberté » et le refus de la présidente Arroyo de fournir des réponses directes et claires aux accusations de fraude électorale et de corruption portées contre elle. Le « Mouvement de Negros pour une régénération morale » était formé de la Nouvelle Alliance patriotique (BAYAN), mouvement de gauche, des évêques de l’Eglise indépendante des Philippines (2) et de Bangon Pilipinas (‘Debout les Philippines’), un mouvement soutenu par le leader évangélique Eduardo Villanueva, qui s’était présentée contre Arroyo lors des présidentielles de 2004.
L’unique représentant de l’Eglise catholique à cette manifestation était le P. Ireneo Gordoncillo, curé de paroisse dans le diocèse de Bacolod. Son évêque, Mgr Vicente Navarra, s’était joint au début du mois de septembre dernier à un mouvement de protestation anti-Arroyo, mais il a refusé de se joindre à la manifestation du 21 septembre. Aux organisateurs de la manifestation, il a déclaré que l’Eglise « souhaitait toujours que la vérité sorte au grand jour mais que « les évêques n’étaient pas favorables à des manifestations de rue ». Quelques jours plus tôt, Mgr Navarra était à Manille pour prendre part à une réunion de réflexion rassemblant une dizaine d’évêques. Ces évêques avaient conclu leur réflexion en décidant que les Philippines étaient malades d’un excès de politique politicienne et qu’ils n’étaient pas de leur ressort d’appeler ou de ne pas appeler à la destitution de la présidente, car les groupes engagés en politique, quel que soit leur bord, ne poursuivaient jamais que leurs propres fins et négligeaient l’intérêt général (3). Peu après, le Comité permanent de la Conférence des évêques catholiques des Philippines appelait à la poursuite de la recherche de la vérité « dans le respect des règles de droit énoncées dans la Constitution » (4).
Pour Mgr Roman Tiples, évêque émérite de l’Eglise indépendante des Philippines, la position des évêques catholiques est une « erreur majeure » à l’heure où « l’Eglise devrait donner avec netteté une direction morale au peuple, pour s’élever contre l’occultation permanente de la vérité ». A Manille, les partisans de la démission-destitution de la présidente Arroyo ont déclaré rester optimistes quant au succès de leur cause, tout en admettant que la position arrêtée par les évêques « rendait le chemin difficile ».