Eglises d'Asie

A Yokohama, dans un diocèse où les catholiques d’origine étrangère sont majoritaires, créer un esprit de communion entre toutes les communautés est le grand souci de l’évêque

Publié le 18/03/2010




Dans le diocèse de Yokohama où la population immigrée est nombreuse et issue de différentes nationalités, l’évêque essaie par tous les moyens de les intégrer dans la communauté diocésaine (1). Dans ce diocèse de 172 500 fidèles, 70 % des catholiques ne sont pas japonais. C’est ce qu’annonçait en février dernier la Commission catholique pour les migrants, les réfugiés et les gens du voyage. Des seize diocèses que comprend le Japon, celui de Yokohama compte le plus grand nombre de catholiques grâce à l’apport des étrangers. D’après le Bureau de l’immigration du ministère japonais de la Justice, 15 % des résidents étrangers au Japon vivent dans les quatre préfectures qui correspondent au territoire du diocèse de Yokohama. Les Brésiliens sont les plus nombreux puis, par ordre décroissant, viennent les Philippins, les Péruviens et enfin les Coréens.

Mgr Masahiro Umemura, l’évêque de Yokohama, explique qu’il ne souhaite pas voir, dans son diocèse, les communautés s’organiser seulement à partir de leur appartenance nationale. “La rencontre de tous autour de l’autel et le vouloir ‘être ensemble’ ont ma préférence. Je pense que célébrer des messes en différentes langues étrangères ne suffit pas précise cet évêque âgé de 53 ans.

Il a toutefois envoyé des prêtres qui parlent différentes langues étrangères dans chacune des quatre préfectures du diocèse pour soutenir le travail pastoral. Ensemble avec les prêtres locaux, les religieuses et les laïcs, ils ont mis sur pied des groupes qui travaillent pour répondre aux besoins et essayer de résoudre les problèmes des catholiques étrangers. A la demande de l’évêque, des congrégations féminines des Philippines ont envoyé des religieuses dans les régions où des Philippines se sont mariées à des agriculteurs japonais. L’évêque a aussi demandé à trois évêques de pays étrangers d’envoyer quelques-uns de leurs prêtres ou des frères pour s’occuper des enfants des immigrés de Yokohama.

« Mais, en même temps, nous regardons au-delà du diocèse continue Mgr Umemura. Par exemple, nous avons envoyé deux de nos prêtres japonais au Brésil et en Ouganda pour quelques années d’expérience, “quand bien même nous n’avons pas assez de prêtres sur place”. Le diocèse a aussi accueilli des séminaristes du Vietnam où des quotas régulent le nombre des séminaristes autorisés à entrer au séminaire. “Si, un jour, ils veulent retourner chez eux, prêtres ou non, ils seront tout à fait libres de le faire.” Pour l’instant, dans les conditions actuelles, une fois ordonnés prêtres, ils travailleront avec nous dans le diocèse de Yokohama, explique encore Mgr Umemura.

Le Centre diocésain pour la pastorale des réfugiés et des migrants donne des consultations en cinq langues. Pourtant, il ne doit pas se contenter d’aider les résidents étrangers du Japon, insiste l’évêque. “Puisque les Philippins viennent au Japon pour des raisons économiques, ne pourrions-nous pas, nous, promouvoir des emplois aux Philippines ? demande Mgr Umemura. C’est ainsi que le diocèse travaille aux Philippines à des projets de développement dans ce sens.

Au gré de ces multiples initiatives, l’évêque tente d’insuffler un nouvel esprit dans son diocèse, en encourageant notamment les initiatives. Ainsi, le P. Hosoi Yasumichi, curé de la paroisse de Kofu dans la préfecture de Yamanashi, assure : “Ici, nous accueillons tout le monde et tous ceux qui ont des idées.” En plus de la messe de semaine en japonais, la messe du dimanche est célébrée en anglais, en coréen, en portugais ou en espagnol. L’horaire des messes est adapté pour correspondre aux rythmes de vie des paroissiens. Les catholiques étrangers “sont contents de se retrouver avec leurs compatriotes une fois par mois fait remarquer le P. Hosoi, mais la paroisse voit plus loin. Dans les mois qui comportent cinq dimanches, la messe du cinquième dimanche est célébrée uniquement en japonais, mais elle est suivie d’un barbecue, d’une kermesse ou d’autres activités pour faire que des liens de solidarité se tissent entre tous.

Pour résumer son action, Mgr Umemura cite sa devise épiscopale : Communio communionum (‘la communion de toutes les communautés’), qui exprime la visée qui est la sienne pour son diocèse. “Le déploiement de nos activités n’est pas entrepris pour elles-mêmes. Tout ce que nous entreprenons correspond à notre devise affirme-t-il.