Eglises d'Asie

Dans les commissariats de police de Séoul, les fonctionnaires de police comme les individus interpellés peuvent faire appel à des agents pastoraux de l’Eglise catholique

Publié le 18/03/2010




Dans l’archidiocèse de Séoul, un laïcat ministériel est appelé par l’archevêque à un travail de proximité au service des policiers et des ceux qu’ils appréhendent (1). Le 24 septembre dernier, ils étaient 180 policiers à recevoir le baptême au cours d’une célébration eucharistique organisée par le Comité pour la pastorale auprès des services de police de l’archidiocèse de Séoul à l’occasion du cinquième anniversaire de sa fondation. Ils étaient entourés de plus d’une centaine de personnes venues célébrer avec eux l’événement dans la cathédrale de Myongdong. Mgr Lucas Kim Won-hoe, évêque auxiliaire de Séoul et vicaire épiscopal pour la pastorale des jeunes, présidait la messe, accompagné du P. Augustine Kang Hyuck-jun et de deux autres prêtres. C’est le P. Augustine Kang qui est président du Comité pour la pastorale auprès des services de police, fondé le 21 septembre 2000.

Selon Sophia Shin Young-sug, secrétaire à titre bénévole de ce Comité, les policiers qui croient en Dieu sont susceptibles de traiter les individus interpellés, qu’ils soient simplement suspects ou criminels avérés, avec plus d’équité et d’humanité que ceux qui ne croient pas en Dieu. A Séoul, vingt-deux des trente et un commissariats de la municipalité possèdent une sorte de “petit oratoire” où les policiers catholiques peuvent venir prier et se détendre. “L’aumônier laïc de la police aide surtout les plus jeunes parmi les policiers, en leur facilitant l’accès aux conseils d’experts avisés et des animateurs de l’aumônerie. Ils ont besoin, quelquefois, tout comme les jeunes soldats, de rencontrer des conseillers extérieurs à la police a expliqué cette femme policier de 44 ans. L’aumônier laïc offre ses services aux policiers qui travaillent à des heures irrégulières, dans des conditions difficiles au contact d’individus parfois dangereux, a-t-elle expliqué, ajoutant que, par ailleurs, les personnes interpellées par la police recherchent eux aussi, bien souvent, un soutien du côté de l’Eglise. Il n’est pas rare, a-t-elle ajouté, que des violences soient indûment exercées dans les commissariats à l’encontre des personnes interpellées.

Viviana Son Hyun-gyo, dont la mission est d’apporter une aide pastorale aux personnes interpellées par la police, a travaillé à l’aumônerie des prisons de l’archidiocèse de Séoul pendant dix ans avant de rejoindre le Comité. Elle estime que son travail dans les commissariats est plus difficile que celui des prisons où elle ne voyait que des catholiques. “Une démarche d’Eglise auprès des suspects ne parvient pas souvent à influencer leur façon de penser explique cette laïque de 57 ans, soulignant qu’elle ne peut parler avec eux que 30 ou 40 minutes, le seul temps qui lui est imparti dans la semaine pour des “activités religieuses”. “Parfois ils pleurent quand je leur parle de leur famille. Généralement, je leur parle comme si j’étais quelqu’un des leurs avec des mots d’encouragement comme faisait Mère Térésa de Calcutta. C’est alors qu’ils réalisent que je veux les soulager et, pour finir, il arrive qu’on chante et prie ensemble raconte-t-elle.

Simon Lee Kun-youk, responsable du catéchisme dans le cadre de cette aumônerie, a de son côté expliqué que “nous allons partout là où est la police, quel que soit le lieu”. Les policiers anti-émeute et les jeunes du service obligatoire de police (qui servent vingt-quatre mois à la place de leur service militaire) sont souvent en déplacement. Les trente catéchistes de l’aumônerie vont les rencontrer et leur enseignent, jusque dans les “cars de la police anti-émeute”. Tous les catéchistes sont volontaires, a-t-il souligné, et 90 % d’entre eux ont suivi les deux ans de formation théologique proposés par l’Institut catéchétique de Séoul. Ceux qui ont terminé ce cursus de deux ans reçoivent un diplôme de catéchiste. Agé de 61 ans, désormais à la retraite, Simon Lee Kun-youk se consacre entièrement à l’aumônerie des services de police. A lui et ses collègues, il faut une semaine entière pour visiter les vingt-cinq commissariats et les quelque soixante unités distinctes de la police de la capitale. Du fait des fréquents déplacements et changements de commissariats, il a fallu vingt-trois mois aux 180 nouveaux baptisés pour terminer leur parcours de catéchuménat et préparer leur baptême.

Pour le P. Augustine Kang, l’activité du Comité pour la pastorale auprès des services de police repose sur le dévouement des quatre-vingt bénévoles qui y travaillent. “Comparés aux protestants et aux bouddhistes qui ont commencé cette pastorale il y a quarante ans déjà, nous n’en sommes qu’au début. Mais nous sommes optimistes parce que l’Eglise catholique est une et que nous ne connaissons pas de tensions entre dénominations différentes quand il s’agit de pastorale a-t-il expliqué, ajoutant qu’il espérait voir le Comité se lancer dans de nouvelles initiatives comme la prévention des suicides ou un cours sur le développement de la personnalité à l’intention des jeunes policiers, en complément des cours de catéchisme.

Au commissariat d’Eupyeong, à Séoul, on explique que bouddhistes, catholiques et protestants disposent chacun d’un oratoire, aménagé en 2000. C’est dans ce commissariat que l’Eglise catholique a inauguré son premier lieu de culte dans un local de police. Un responsable du commissariat précise que les protestants et les bouddhistes disposent d’un personnel rémunéré à plein temps, alors que l’aumônerie de l’Eglise catholiques dépend uniquement de bénévoles.