Eglises d'Asie

Des rapports lui parvenant directement obligent le Département d’Etat américain à maintenir le Vietnam sur la liste des pays “les plus préoccupants en matière de liberté religieuse”

Publié le 18/03/2010




Malgré les protestations officielles du ministère vietnamien des Affaires étrangères, le département d’Etat américain a maintenu le Vietnam sur sa liste dits “des pays les plus préoccupants en matière de liberté religieuse en compagnie de l’Erythrée et de l’Arabie saoudite. La Commission pour la liberté religieuse dans le monde a confirmé ce maintien le 30 septembre dernier, alors que des accords signés au mois de mai dernier, avant la visite du Premier ministre vietnamien au président américain, semblaient avoir amélioré les relations américano-vietnamienne en ce domaine. Il se peut que les engagements pris par le Vietnam dans ces accords dont, aujourd’hui encore, on ne connaît pas le contenu (1), ne soient pas tenus, en particulier en ce qui concerne les communautés protestantes non enregistrées auxquelles les observateurs américains sont particulièrement attentifs. Récemment encore, des rapports d’interventions policières durant des rassemblements cultuels sont parvenus aux commissions officielles des Etats-Unis et ont circulé sur le réseau Internet.

C’est ainsi que l’on a appris qu’un rapport, daté du 3 octobre et signé de l’Alliance missionnaire évangélique du Vietnam, avait été envoyé à diverses organisations internationales, dont la Commission pour la liberté religieuse dans le monde. Il révélait qu’une communauté évangélique se réunissant dans une maison privée de Hai Phong avait subi par deux fois des intrusions policières lors de ses rassemblements liturgiques. Dans l’après-midi du 25 septembre dernier, huit policiers du district ont pénétré dans les locaux où la communauté était en prière et procédé avec violence à la dispersion de l’assemblée. Ils ont également confisqué sept exemplaires de la Bible et huit livres de cantiques utilisés par les fidèles. Une autre intervention policière, encore plus violente, a eu lieu le 2 octobre suivant. Les forces de l’ordre, plus nombreuses, ont dispersé les fidèles avec une grande violence et certains agents ont eu un comportement indécent à l’égard d’une des participantes de l’assemblée de prière. Le rapport proteste vivement contre ces interventions policières et demande que des sanctions soient prises contre les responsables.

D’autres incidents ont été rapportés par des fidèles d’une communauté évangélique h’mong de la province de Ha Giang aux responsables de l’Eglise évangélique du Nord-Vietnam, Eglise officielle reconnue par l’Etat vietnamien. Ceux-ci ont aussitôt adressé une plainte aux autorités concernées en demandant que toute la lumière soit faite sur les incidents. Des extraits du rapport de l’Eglise évangélique ont été lus dans une émission en vietnamien de Radio Free Asia (2). Dans les mois qui ont précédé les faits rapportés, des représentants des autorités régionales sont venus à plusieurs reprises trouver les membres de la communauté chrétienne h’mong (commune de Chi Ca, district de Xin Mân, province de Ha Giang) pour leur déclarer que la religion protestante était la religion des Etats-Unis, une religion réactionnaire. Ils les ont incités à abandonner leur foi. Le rapport de l’Eglise évangélique mentionne ensuite les violences que les militaires et les cadres ont fait subir à des fidèles de la communauté, dans les derniers jours du mois d’août et les premiers jours de septembre. Des hommes ont été frappés si brutalement que certains d’entre eux sont à ce jour toujours alités, avec des côtes brisées et d’autres blessures. D’autres ont été suspendus par le bras à une poutre et frappés à la matraque électrique. Le rapport, rédigé par l’Eglise évangélique de Hanoi, contenant le récit de ces faits et bien d’autres a été aussitôt connu de l’ambassade des Etats-Unis à Hanoi qui s’en est ému et a demandé à rencontrer les victimes.