Eglises d'Asie

L’Eglise catholique de Corée du Sud a financé la construction d’un atelier de production de semences de pomme de terre à Pyongyang, en Corée du Nord

Publié le 18/03/2010




Une délégation de Caritas Coreana, comprenant cinq prêtres et un évêque ainsi que deux ingénieurs agronomes, était à Pyongyang, en Corée du Nord, le 8 septembre dernier pour l’inauguration d’un atelier de production de semences de pomme de terre. L’organisme d’aide au développement et d’assistance humanitaire de la Conférence des évêques catholiques de Corée du Sud a consacré près de 600 000 dollars US à la construction de cet atelier, le plus important des trois ou quatre ateliers équivalents qui existent en Corée du Nord.

Selon le P. Paul Jeremiah Hwang Yong-yon, secrétaire de la Caritas sud-coréenne, le projet répond à une évolution de la demande des autorités nord-coréennes. En 1998, pour venir en aide à la population nord-coréenne, le diocèse de Taejon, en Corée du Sud, a commencé par envoyer des pommes de terre. En 2004, les autorités nord-coréennes ont demandé aux représentants de la Caritas de cesser les envois de cette denrée pour leur substituer des dons de semences, afin que les fermes nord-coréennes commencent à cultiver cette tubéreuse. Les Nord-Coréens ont même promis de consacrer une centaine d’hectares de terres arables à cette culture si les essais se révélaient prometteurs. La mise en place du projet d’atelier de production de semences a ensuite été relativement rapide à mettre en place, rapporte encore le P. Hwang. La construction du hangar, qui abrite l’atelier et la serre de 300 m où sont mises en culture les semences, a démarré en juillet dernier et a été achevée en un mois. La montée en production se fera progressivement, avec 100 000 semences par jour sous peu, puis 300 000 d’ici deux ans. Les premières semences destinées à être plantées en plein champs seront distribuées en mars et avril 2006. Toujours selon le P. Hwang, l’atelier est le plus important du pays et n’est pas le seul à avoir été financé par des chrétiens ; parmi les deux ou trois autres qui existent dans le pays, l’ONG protestante World Vision en a financé un. Selon l’accord passé avec les autorités nord-coréennes, une délégation sud-coréenne se rendra sur place tous les trimestres pour “aider les agronomes nord-coréens à cultiver les semences et à faire fonctionner l’atelier” (1

Le 22 septembre dernier, à New York, la Corée du Nord a demandé aux Nations Unies de cesser, à partir de la fin de cette année, l’aide alimentaire fournie par le Programme alimentaire mondial. Le vice-ministre des Affaires étrangères nord-coréen a justifié la décision de son gouvernement en arguant que la production agricole “s’est améliorée” et que “les Etats-Unis cherchent à politiser l’aide humanitaire en la liant à la question des droits de l’homme”. A Pyongyang, l’ensemble des ONG engagées dans des opérations d’aide humanitaire auprès d’une population qui souffre encore en partie de disette ont reçu l’ordre de cesser leurs programmes, seules les organisations actives dans l’aide au développement pouvant rester sur place. Depuis que l’aide d’urgence a débuté, le Programme alimentaire mondial a consacré cinq milliards de dollars pour la distribution en Corée du Nord d’environ quatre millions de tonnes de denrées alimentaires.