Eglises d'Asie

L’Eglise catholique est partie prenante dans les efforts d’assistance et de restauration entrepris dans les régions touchées par le typhon Damrey

Publié le 18/03/2010




Même si le typhon Damrey, appelé au Vietnam “Tempête n° 7 avait été annoncé quelque temps à l’avance et que 300 000 personnes avaient été évacuées dans les jours qui ont précédé son arrivée, il restera dans les mémoires comme le plus dévastateur de ces dix dernières années. Il a surtout touché les provinces de Nam Dinh et de Thanh Hoa, mais ses effets se sont fait sentir très loin à l’intérieur des terres. Aussi bien sur place qu’à l’étranger, la communauté vietnamienne a été soulevée d’un grand élan de solidarité. L’Eglise catholique a sans doute été un des organismes de la société civile le plus prompt à réagir et à s’engager dans l’assistance aux victimes de la tempête.

Dès le 28 septembre, alors que la tempête commençait seulement à s’apaiser, l’évêque de la région la plus touchée, le diocèse de Thanh Hoa, Mgr Joseph Nguyên Chi Linh, s’adressait déjà aux fidèles du diocèse. La lettre pastorale qu’il rédigeait pour eux faisait la triste énumération des destructions dues au typhon et des sombres perspectives qu’elles laissaient planer sur l’avenir de la région : “Quand nos enfants retourneront-ils en classe ? Quand nos rizières seront-elles débarrassées du sel apporté par l’eau de mer ? Qui nous apportera les finances nécessaires à la reconstruction de nos maisons et de nos infrastructures ? Cependant, sans s’appesantir sur ces plaintes, l’évêque a lancé un grand appel à la solidarité, un appel qui s’adresse en premier lieu aux plus proches des sinistrés et aux sinistrés eux-mêmes. Il citait à ce propos le dicton vietnamien : “Là où coule le même sang, les entrailles se ramollissent.” Il demandait à ses fidèles de se porter eux-mêmes au secours de leurs proches tout en sachant accueillir l’assistance lorsqu’elle viendra des autres. La lettre de la Conférence épiscopale, écrite le même jour, est rédigée sur le même ton. Les responsables de la communauté catholique témoignent de leur compassion pour les victimes. A l’heure où écrivent les évêques, l’estimation des pertes humaines est encore peu élevée, cinq morts et treize blessés. Mais les pertes matérielles sont déjà énormes. Eux aussi s’adressent d’abord à leurs compatriotes pour les inciter à la solidarité. Ils annoncent que la Commission caritative et sociale de l’épiscopat coordonnera tous les efforts d’assistances déployés au Vietnam par la communauté catholique.

Un rapport de la dite commission, paru le 11 octobre dernier, établit un premier bilan de la catastrophe et de la contribution des catholiques au redémarrage des régions sinistrées. Dressée avec beaucoup de sobriété, la liste des dégâts est d’une grande éloquence. Les pertes humaines sont toutefois moins importantes que l’on aurait pu le penser : 61 morts, auxquels il faut ajouter les 31 victimes (presque toutes des enfants) de l’inondation du Mékong qui a eu lieu quelques jours auparavant. Les pertes matérielles, évaluées à 393 milliards de dôngs (19 millions d’euros), sont importantes : 4 000 habitations, 2 000 établissements scolaires ou médicaux, 300 000 hectares de cultures inondées, etc.

A l’effort d’assistance déployé par l’Etat vietnamien, la communauté catholique, par l’intermédiaire de la Commission caritative et sociale, a essayé de contribuer de son mieux. Selon le rapport, un fonds spécialement destiné à de telles circonstances a été utilisé pour acheter du riz. La Commission a veillé à ce qu’il soit distribué sans tenir compte de la religion des personnes aidées, bien que, dit le rapport, en certains endroits, les catholiques n’aient pas reçu autant que les autres citoyens. La commission a également enquêté sur la distribution de l’assistance et a proposé aux autorités gouvernementales que la répartition des aides ne soit pas automatique mais tienne compte de la situation des cultivateurs atteints par le typhon. Ainsi les propriétaires de rizières inondées par l’eau de mer devront attendre cinq à six ans pour voir leurs terres retrouver leur fertilité, ce qui n’est pas le cas des propriétaires de terrains simplement inondés par l’eau douce.

Parmi les conséquences quelquefois inattendues du typhon, la Commission caritative et sociale note une vague de migration vers le sud, particulièrement sensible dans les diocèses catholiques de Thanh Hoa et de Bui Chu. Découragées par les longues années de travail qui seront nécessaires pour renouveler la fertilité de leurs terres, des familles de paysans pauvres s’en vont vers les grandes villes, Hanoi et Hô Chi Minh-Ville en particulier, mais aussi vers des provinces du Sud comme Binh Duong, Dông Nai. Les responsables d’Eglise s’efforceront d’accompagner matériellement et spirituellement ce déplacement de population.