Eglises d'Asie

Après les immolations par le feu du mois d’août 2005, le contrôle policier s’est renforcé sur les dirigeants et les dignitaires de la communauté du bouddhisme hoa hao

Publié le 18/03/2010




Après le grave conflit qui a opposé, au cours du mois d’août dernier (1), les bouddhistes hoa hao aux autorités de Hô Chi Minh-Ville et conduit deux fidèles à s’immoler par le feu, les communautés et les responsables hoa hao semblent avoir été mis sous un contrôle policier très sévère. Les résidences des dignitaires de cette religion sont l’objet d’une surveillance permanente, leurs déplacements et leurs rencontres épiés soigneusement. Cet état de choses est illustré par les interventions policières qui ont marqué l’interview téléphonique du plus haut dirigeant de la communauté hoa hao, Lê Quang Liêm, avec un reporter de Radio Free Asia, le 26 octobre dernier. Plusieurs fois, la communication a été brouillée. En fin de compte, la ligne téléphonique a été coupée.

En cours d’entretien, le responsable, âgé de 86 ans, de ce que lui-même appelle le “bouddhisme hoa hao authentique” pour se différencier de la structure hiérarchique mise en place par l’Etat dans cette religion, a ainsi parlé de sa propre situation : “Il y a actuellement autour de chez moi une trentaine de policiers. Que quelqu’un fasse un pas au dehors, mon petit-fils de dix ans ou moi-même, alors ils se mettent en route pour nous suivre !” “Suis-je donc un si dangereux prisonnier pour être ainsi surveillé ? s’est plaint le vieux dignitaire.

Au début de l’interview, après avoir rappelé que sa religion était la victime principale de la politique de discrimination du gouvernement vietnamien, le dirigeant hoa hao avait évoqué les récentes immolations de ses coreligionnaires, Trân Van Ut et Vo Van Buu, le 5 août 2005 (2), et souligné qu’elles constituaient une réaction appropriée à la politique cruelle appliquée avec barbarie contre le bouddhisme hoa hao par le gouvernement vietnamien. Il a également mentionné les sentences prononcées à cette occasion par un tribunal populaire, injustes contre des hommes et des femmes de la communauté hoa hao, accusés d’avoir troublé l’ordre public par une grève de la faim menée à la maison. Les peines requises ont été de cinq ans et de sept ans de prison.

Autant de difficultés qui n’enlèvent rien de sa combativité à ce vieil homme qui a envoyé, le 15 octobre dernier, une lettre ouverte au Premier ministre, Pham Van Khai, une lettre réclamant la restitution d’une propriété de la communauté hoa hao à Hô Chi Minh-Ville, située rue Bui Thi Xuân. Cette propriété, très ancienne, avait été confisquée par le Comité populaire après le changement de régime. Elle est aujourd’hui occupée par des propriétaires illégaux.