Eglises d'Asie

Des jeunes, catholiques et musulmans, partagent avec des déshérités un repas de rupture du jeûne de ramadan

Publié le 18/03/2010




Des jeunes, catholiques et musulmans, ont célébré la Journée mondiale contre la faim dans le monde en vivant un après-midi dans un bidonville et en partageant avec ses habitants le repas de rupture du jeûne de ramadan. Le bidonville est situé près de la gare de Senen, à Djakarta. Ces soixante-dix jeunes appartenaient au groupe catholique Samaria (1) et au groupe musulman Formal. Malgré la pluie et l’orage, sous une grande tente qu’ils avaient montée pour cette rencontre intitulée « Partage fraternel ils ont parlé avec les mères de famille et joué avec les enfants. Les séances de marionnettes se sont succédé, entrecoupées d’information sur l’hygiène, la santé et la nutrition. Ce 15 octobre était la Journée mondiale contre la faim dans le monde et l’anniversaire de la fondation, le 16 octobre 1945, de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Le thème de cette journée était cette année : « Agriculture et dialogue interculturel. »

Le point culminant de la rencontre dans ce bidonville de Djakarta a été le repas festif de rupture du jeûne du ramadan. Pour Antonius Hilman Kuria, président de Samaria, un groupe de jeunes catholiques, salariés et étudiants, de la paroisse de Notre-Dame de l’Assomption, la cathédrale de l’archidiocèse de Djakarta, l’idée première était de « marquer cette Journée mondiale de la faim dans le monde en venant en aide aux déshérités » du bidonville. C’est ensuit qu’est venue l’idée d’inviter à se joindre à eux le groupe musulman Formal de Djakarta, un groupe de rencontre d’étudiants ou d’anciens étudiants de la pesantren (pensionnat islamique) de Lirboyo. Cette école, située à Kediri (province de Java-Est), est la seconde plus grande pesantren du pays. Quand nous avons parlé ensemble de notre projet, « eux et nous sommes tombés d’accord pour ne pas seulement faire une distribution de produits alimentaire mais de mélanger parties récréatives et pédagogiques a expliqué Antonius Hilman Kurnia (2).

Il pleuvait encore quand le son du « beduk le tambour traditionnel, se fit entendre pour signaler la fin de cette journée de ramadan qui, en Indonésie, a débuté le 4 octobre et s’achèvera le 4 novembre. Les gens ont chanté le « Salawat Nabi un chant en l’honneur du Prophète Mahomet et le repas a commencé, servi par les jeunes : poulet frit, riz, fruits cuits dans du sucre de palme et du lait de coco et, enfin, des dattes.

Un responsable de communautés du bidonville, Hidayat, a remercié ses hôtes, en leur disant que c’était la première fois dans ce bidonville qu’il y avait eu un tel festin pour la rupture d’une journée de jeûne. Le P. Aloysius Hadi Nugroho, qui accompagnait les jeunes, a saisi l’occasion pour demander à tous de se focaliser, non pas sur les différences entre les religions, mais sur leurs ressemblances. « Notre unité sera plus forte si nous en prenons conscience a-t-il affirmé, demandant à tous de mépriser tout ce qui tend à faire de la religion une source de conflit. Président de la Commission archidiocésaine des jeunes, le P. Nugroho a confirmé que plusieurs paroisses de Djakarta avaient, elles aussi, organisé des sessions de partage. « Inutile pour des catholiques à Djakarta d’aller très loin pour partager. Beaucoup de déshérités habitent sur nos paroisses. Nous avons mis sur pied des communautés de base. Nous voulons rencontrer les frères et les sours qui sont autour de nous a-t-il expliqué.

Quant à lui, Hajj Shofiyullah, un musulman, a affirmé qu’il avait vu dans cette journée du 15 octobre une opportunité pour les jeunes « d’approfondir leur foi soulignant que « les deux religions, islam et catholicisme, enseignaient le partage ». Ce professeur a dit espérer que d’autres activités suivent pour faire naître une vraie camaraderie. « Je pense que les catholiques qui se rapprochent des musulmans grâce à ces activités ne font pas du prosélytisme mais de l’humanisme. Ce qu’ils font est sincère. La chose la plus importante, c’est leur esprit d’unité et de fraternité a-t-il affirmé. Les relations entre Formal et Samaria, a-t-il encore ajouté, « sont un signe de fraternité parce que les membres des deux groupes « partagent le même idéal d’aider les autres sans référence à leur appartenance religieuse ».

Quant à Antonius Hilman Kurnia, il a reconnu avoir invité Formal à se joindre à eux afin d’éviter que la Journée mondiale contre la faim dans le monde ne puisse être le prétexte à l’accusation de prosélytisme. « Nous entendons bien continuer nos activités afin de consolider cette fraternité naissante a-t-il déclaré à l’issue de la soirée.