Eglises d'Asie – Indonésie
Des militants du Front des défenseurs de l’islam interrompent la prière de chrétiens, réunis pour la récitation du Rosaire
Publié le 18/03/2010
Le 11 octobre, « vers 8 heures du soir, nous avons entendu des cris : ‘Allahu akbar ! Allahu akbar ! Kristenisasi ! Arrêtons la Kristenisasi !’ (Dieu est grand ! Arrêtons la christianisation !’) rapporte Ignatius Mulyadika, responsable du ‘(communauté de voisinage) n° 2 du Rosaire. La foule des assaillants frappait les murs de la maison avec des manches en bois et menaçait d’y mettre le feu si les catholiques poursuivaient leur prière. « Ma communauté était en proie à la panique, raconte encore le laïc. J’ai donc pris la décision de sortir pour rencontrer les assaillants. » Ces derniers ont exigé de lui qu’il signe un engagement selon lequel plus aucune activité religieuse ne devait être menée dans la maison. Ignatius Mulyadika réalisa ensuite que le document qu’il avait signé portait, outre le paraphe du responsable local de l’organisation extrémiste musulmane, la signature du chef de l’unité de voisinage.
Quelques heures plus tard, rapporte toujours Ignatius Mulyadika, le conseil pastoral de la paroisse de Slipi avait mis sur pied une équipe chargée d’aller rencontrer les musulmans du voisinage pour les informer des activités de prière menées dans la paroisse. Une rencontre avec l’ustadz Soudry, chef local du Front des défenseurs de l’islam, était même prévue. Les délégués catholiques avaient prévu pour cela de se faire accompagner de l’ustadz Abdul Goni, un responsable musulman local avec qui des relations cordiales ont été nouées. La date du 19 octobre avait été fixée pour cette rencontre, mais elle a finalement été repoussée sine die. Parallèlement, le curé de paroisse, le P. Kaitanus Saleky, a demandé à ses fidèles de suspendre les réunions de prière. Une suspension qui est pensée comme temporaire, le temps que les paroissiens aillent à la rencontre de leurs voisins musulmans pour leur expliquer la situation. « Nous allons essayer de rencontrer les musulmans des environs et leur faire comprendre que le fait de prier ne peut être associé au prosélytisme a déclaré le prêtre, ajoutant qu’il ne comprenait pas les raisons de cette attaque, les catholiques de sa paroisse entretenant jusqu’ici des liens de proximité avec leurs voisins musulmans.
Par ailleurs, toujours dans la partie ouest de Djakarta, mais cette fois-ci à Jatimulya, le dimanche 16 octobre, des chrétiens protestants, dont les lieux de culte avaient été fermés quelques semaines plus tôt à la suite d’actions menées par l’Alliance contre l’apostasie (1), n’ont pas pu célébrer le culte dominical. Faute de lieux de culte, ils avaient décidé de se réunir dans la rue et une foule de trois cents militants islamistes les en a empêchés.