Eglises d'Asie

Kerala : l’évêché catholique de Neyyattinkara a été attaqué et vandalisé par quatre personnes dans la nuit du 16 au 17 octobre dernier

Publié le 18/03/2010




Au Kerala, dans la nuit du 16 au 17 octobre dernier, l’évêché catholique de Neyyattinkara a été attaqué par quatre personnes armées de gourdins. Après avoir coupé l’alimentation électrique du bâtiment, ils ont blessé le gardien à la tête, endommagé des véhicules et une partie de l’évêché. Selon le P. Christudas, vicaire général du diocèse de Neyyattinkara, situé près de Thiruvananthapuram, capitale du Kerala, les malfaiteurs, non identifiés à ce jour, sont restés une quinzaine de minutes dans la propriété, avant de prendre la fuite quand ils ont entendu le bruit d’une moto de la police. Mgr Vincent Samuel, cinq prêtres et sept membres du personnel dormaient à l’intérieur de la maison lors de l’attaque mais n’ont pas été blessés. “Les malfaiteurs voulaient intimider certains prêtres, dont le P. Gerald Mathias, procureur du diocèse, qui a lancé une campagne “anti-alcool” dans la région a déclaré le P. Christudas.

Deux ans jour pour jour, le 17 octobre 2003, le P. Gerald Mathias avait été témoin de l’assassinat de Krishnadas, un hindou battu à mort par des trafiquants d’alcool devant l’évêché. “J’avais immédiatement rapporté à la police le crime dont j’avais été témoin, mais des policiers ont tenté de détruire les preuves de cet assassinat. Nous avons alors créé un comité, organisé des manifestations, et la police a bien été obligée d’arrêter les criminels impliqués dans ce meurtre. Je n’ai pas peur et je témoignerai au procès a déclaré le P. Gerald Mathias. Le procès devrait bientôt commencer. Depuis l’arrestation des suspects, le P. Mathias a reçu plusieurs menaces de mort et une protection policière rapprochée lui a même été accordée il y a quelques mois.

Le dimanche 23 octobre 2005, des catholiques de rites latin et syro-malakanra se sont regroupés dans différents lieux du diocèse pour protester de manière pacifique contre l’attaque de l’évêché. Des temps de prière, de marche et des manifestations ont été organisés pour dénoncer le laxisme de la police criminelle de l’Etat qui, une semaine après l’incident, n’avait toujours pas identifié les suspects. “La violence n’est pas notre manière d’agir, nos manifestations ne doivent pas être perçues comme le signe d’une faiblesse mais comme une force. Il semble que le gouvernement ne prenne pas l’enquête au sérieux, c’est très regrettable a déclaré le P. Christudas. Mgr Vincent Samuel, évêque de Neyyattinkara, a ajouté que des menaces ne le feraient pas reculer : “Nous continuerons notre combat contre le commerce illégal d’alcool.”

Depuis un an, on constate une augmentation des attaques perpétrées contre les chrétiens au Kerala, qui représentent 30 % des 31 millions d’habitants de l’Etat. Le 28 août 2004, le P. Chillitapilly avait été découvert poignardé sous un porche adjacent à son église, et les chrétiens avaient dû protester devant la version des faits présentée par la police, afin qu’elle ouvre une nouvelle enquête (1). En septembre de la même année, des religieuses Missionnaires de la Charité avaient été agressées par des extrémistes hindous, alors qu’elles rendaient visite à des villageois (2). Par ailleurs, l’attaque de l’évêché de Neyyattinkara a pris place dans un contexte marqué par des élections législatives partielles. Les électeurs de la circonscription sur laquelle se trouve l’évêché doivent prochainement voter. Les partis communistes locaux, qui sont dans l’opposition, se sont saisi de l’affaire, affirmant qu’elle ne pouvait “être dissociée des attaques portées ces derniers temps contre les minorités”. L’Etat du Kerala est actuellement dirigé par le Parti du Congrès.