Eglises d'Asie

Meghalaya : l’Eglise catholique tente de restaurer la paix entre les ethnies garo et khasi après un incident qui a coûté la vie à une dizaine d’étudiants garos

Publié le 18/03/2010




Depuis près d’un mois, l’Eglise catholique de l’Etat du Meghalaya, situé dans le Nord-Est de l’Inde, travaille à l’apaisement des troubles qui opposent des étudiants des ethnies garo et khasi, après que la police a ouvert le feu sur des manifestants garos à Tura, le 30 septembre dernier, tuant dix personnes dont trois catholiques, et blessant une cinquantaine d’étudiants. “L’Eglise catholique travaille main dans la main avec les responsables des différentes Eglises notamment avec les baptistes, afin de rétablir la paix dans l’Etat déclare le P. C.J. Jose, du diocèse de Tura, l’un des deux diocèses de l’Etat du Meghalaya.

Le Meghalaya, dont le nom signifie “demeure des nuages est l’un des rares Etats indiens à majorité chrétienne, les chrétiens les plus nombreux étant les baptistes, suivis des catholiques. La région est composée de trois ensembles de collines, peuplés par trois groupes ethniques : les Garo, les Jaintia et les Khasi. En juin dernier, les étudiants khasi ont manifesté en faveur de la délocalisation d’une partie du Bureau de l’éducation de l’Etat du Meghalaya situé à Tura, fief de l’ethnie garo, vers Shillong, capitale de l’Etat, à majorité khasi. Les étudiants garos ont alors organisé des contre-manifestations, ce Bureau étant la seule administration étatique dont le siège est dans leur région.

Cette opposition entre les deux groupes étudiants ayant commencé à polariser la population de l’Etat selon des critères d’appartenance ethnique, les responsables des Eglises catholique et baptiste, après avoir respectivement rencontré les groupes d’étudiants garos et khasis, ont insisté pour que le gouvernement trouve rapidement une solution à l’amiable. Originaire de l’ethnie garo, Mgr Andrew R. Marak, évêque coadjuteur du diocèse de Tura, a mené différentes délégations catholiques à la rencontre de différents responsables dans l’Etat. Le diocèse a également organisé des comités pour la paix en différents lieux. Selon le P. Jose, le jour où la police tirait sur les étudiants, des responsables de l’Eglise venait de rencontrer le ministre de l’Intérieur du Meghalaya, lequel a, peu après, remis sa démission, endossant ainsi la responsabilité morale de l’incident du 30 septembre.

Mgr George Mamalassery, évêque de Tura, et Mgr Andrew R. Marak se trouvaient à Shillong au moment de l’incident et ils se sont immédiatement rendus à Tura, qui se trouve à 200 km. de la capitale. L’évêque a invité les fidèles de la région garo à prier pour les victimes et les blessés, ainsi que pour le rétablissement de la paix dans la région. Le 1er octobre, Mgr Marak a célébré une messe en l’honneur des victimes.

Après les incidents du 30 septembre dernier, les étudiants garos ont rencontré des membres du gouvernement en vue d’un retour au calme. Ils ont demandé la libération des étudiants incarcérés, la levée du couvre-feu qui a été imposé après les évènements, le retrait de l’armée et un moratoire quant à la délocalisation du Bureau de l’éducation. Le P. Jose ajoute que ces manifestations se déroulent dans un contexte de développement insuffisant de la région des Garos (1).

Les missionnaires baptistes ont été les premiers à évangéliser les chasseurs de tête de l’ethnie garo en 1868, favorisant l’éducation, la santé et le dialecte garo. Aujourd’hui, environ un tiers des Garos de la région sont baptistes. Les Khasis sont à 90 % chrétiens et ont été le premier groupe ethnique à se convertir, notamment au catholicisme à partir de 1890, notamment du fait de la présence dans la région de missionnaires de la Société du Divin Sauveur. Le recensement national de 2001 fait état de 2,3 millions d’habitants dans l’Etat du Meghalaya, à 65 % de chrétiens – dont 21 % de catholiques.