Eglises d'Asie

Quatre prêtres catholiques franchissent une nouvelle étape dans la dissidence face au pouvoir politique

Publié le 18/03/2010




Quatre prêtres catholiques dont les noms sont désormais associés, les PP. Chân Tin, rédemptoriste, Nguyên Van Ly, libéré de prison en février dernier, Nguyen Huu Giai et Pham Van Loi, du diocèse de Huê, étaient déjà connus pour leur lutte en faveur de la liberté religieuse. Récemment, l’un d’entre eux, le P. Ly, avait fait remarquer que rien ne serait possible tant que le droit à la liberté d’expression ne serait publiquement reconnu. Les quatre prêtres viennent de faire aujourd’hui un pas de plus dans leur engagement. Ils ont renforcé leur solidarité avec la dissidence politique puisque, dans leur dernier manifeste, publié le 17 octobre dernier, appelant à des élections libres et au boycottage des élections organisées par le Parti, ils font précéder leurs signatures du titre : “Représentants d’un certain nombre de militants pour la démocratie Cependant, dans une autre déclaration publiée quelques jours plus tard, ils précisent la limite et la portée de cet engagement. Ce texte, intitulé : “Proclamer et exiger la démocratie pour le Vietnam” (1), prend soin, en effet, de souligner que les signataires sont “des prêtres catholiques qui n’ont ni la permission ni le désir de faire de la politique”. Ils ne fonderont ni forces armées, ni parti luttant pour conquérir le pouvoir et ne participeront pas à ce genre de mouvement. Malgré cela, ils éprouvent le besoin de faire preuve d’une position politique claire et décidée, dictée par la dignité humaine, et par leur responsabilité de citoyen et de prêtre devant les maux presque incurables dont souffre la nation, tels que les crises de l’éducation et de la morale, l’injustice sociale, la politique totalitaire, l’arriération économique, l’invasion du territoire.

C’est en vertu de cette attitude que les prêtres donnent leur accord à l’appel pour la démocratie lancé par le vénérable Tuich Quang Dô, le 21 février 2001, ainsi qu’au programme en neuf points proposé par le célèbre dissident Nguyên Dan Quê. Ils énumèrent ensuite une série de mesures que le gouvernement devrait prendre immédiatement, parmi lesquelles on trouve la libération de trois des dissidents les plus connus encore détenus en prison, ainsi que de tous les prisonniers de conscience, la cessation de toutes les tracasseries exercées contre les personnes militant pour la démocratie et la liberté religieuse.

Les quatre prêtres signataires de la proclamation du 25 octobre dernier avaient, huit jours auparavant, fait une apparition fracassante sur la scène politique du pays, avec une lettre intitulée : “Appel pour des élections à une Assemblée nationale multipartite et au boycott des élections à une Assemblée nationale contrôlée par le Parti Constatant en effet que, par suite de la monopolisation du pouvoir par le Parti communiste dans tous les domaines, il n’existe dans le pays aucune démocratie, les signataires de la lettre appelaient le Parti à permettre à l’Assemblée nationale de supprimer l’article 4 de la Constitution, qui proclame que le marxisme léninisme associé à la pensée de Hô Chi Minh est la force dirigeante de l’Etat et de la société.

Ils demandent à tous les citoyens de boycotter les élections qui auront lieu en 2007, après le Congrès du Parti, si, comme à l’accoutumée, les candidats sont présentés par le Parti et les diverses instances qui en dépendent. Ces candidats désignés devraient se désister pour laisser la place à ceux qui seront présentés par divers partis indépendants, ajoutent les quatre prêtres.